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Souvenirs de 8 mars "Journée des femmes"

Je me souviens de ma première journée du 8 mars, "journée des femmes". Je venais de me faire embaucher comme petite-main (je HAIS cette expression, je pourrais en faire un billet un jour) au service RH de Tartampion SA, en contrat de qualif'. J'avais 22 ans. Ce jour-là, ma boss, la DRH de la boite, avait fait livrer des roses au bureau et en avait distribué à toutes les femmes de l'entreprise.

 

J'avais trouvé l'attention charmante à l'époque, surtout de la part de celle que je considérais comme un vrai dragon et qui affirmera quelques semaines plus tard de façon catégorique : "Pour un poste de secrétaire standardiste, tartampion SA recrutera une femme et pour un poste de commercial, nous recruterons un homme. C'est comme ça et puis c'est tout !"

 

...charmante attention...

 

Dans mon inculture crasse, la "journée de la femme" était un jour de "célébration" des femmes, comprenez : où les hommes devaient être gentils, faire le ménage et préparer un dîner en amoureux. Je la confondais vaguement avec la St Valentin mais version "c'est nous les reines". Pire, je ne savais même pas que cette fameuse journée était fixée le 8 mars.

 

Ouais, je sais, ça craint.

 

Avec les années, ça ne s'est pas vraiment arrangée. N'ayant toujours pas la moindre idée de la signification de cette journée, je me suis rangée du côté de la pensée dominante version "pfff ça sert à rien la journée de la femme (dont je ne savais toujours pas précisément la date, notez) ! Pourquoi faudrait-il une journée spécialement dédiée aux femmes ? C'est idiot, limite sexiste non ? Et puis quoi, les 364 autres jours sont pour les hommes ?"

 

Une inculture crasse, je vous dis (mais que fait l'école, je vous le demande) !

 

Ajoutez à ça que des roses, les salariées de Tartampion SA n'en n'ont reçu qu'une seule fois. L'habitude des mâles de la maison, c'est plutôt de vous envoyer par mails des blagues sexistes et salaces du style de ce powerpoint célébrant la fameuse journée "Steak et Pipe" (créée d'ailleurs pour "contre-balancer" la St Valentin et pas la journée du 8 mars mais bon, ce n'est qu'un détail).

 

Mais ça encore, ce n'est vraiment pas le PIRE ! Non.

 

Le pire, c'est encore ces mails à l'eau de rose (justement) qui célèbrent la femme "cet être extraordinaire, forte et douce, capable de tant d'abnégation au travail comme au foyer..." BLA-BLA-BLA. Mais si, vous savez bien ! Ces powerpoint à la musique mièvre, aux textes dégoulinants comme de la guimauve, bourrés de photos de fleurs, de papillons et autres colombes, qui finissent invariablement par la consigne de transmettre ce message émouvant à toutes les femmes remarquables de son carnet d'adresse.

 

Vous n'avez pas pu y échapper ! je ne vous crois pas ! (ou alors je suis terriblement jalouse)

 

Mes souvenirs de "8 mars" sont donc inextricablement liés à ma vie professionnelle, ce qui aurait dû me mettre sur la piste de ce que représentait REELLEMENT la journée dites "des femmes".

 

Et puis, un jour, c'est l'illumination. Je tombe par hasard sur un article qui explique que contrairement à une idée assez répandue en France, la journée du 8 mars n'est pas la date d'un soulèvement d'ouvrières du textile de New-York (ça tombe bien, je n'avais aucune idée préconçue de l'origine de la fameuse journée. Je suis une page vierge, instruit-moi !) Les premières mentions à ce mythe remonte à 1955 dans le journal L'Humanité, régulièrement reprise par la presse française, notamment communiste, jusque dans les années 80.

 

Mais la vérité est ailleurs.

 

Le 8 mars 1910, l'Internationale socialiste des femmes tient son deuxième congrés à Copenhague. Ce serait la féministe socialiste allemande Clara Zethkin qui propose à la tribune de faire de cette date la "journée internationale des femmes" qui serait l'occasion de manifester en faveur du droit de vote des femmes et de l'égalité entre les sexes.

 

Visiblement peu suivie en France (on lui préfèrera d'ailleurs la "fête des mères", autrement plus conservatrice), elle a toutefois un impact plus important dans le reste de l'Europe et les grandes capitales. C'est d'ailleurs lors du 8 mars 1917 (soit le 23 février selon le calendrier julien en usage en Russie), à St Pétersbourg que des ouvrières, des employées en grève et des étudiantes manifesteront pour la paix et la baisse du prix du pain. Elles seront rapidement rejointes par les hommes, donnant le coup d'envoi de la révolution de février (donc de mars) et la fin de l'empire russe.

 

A l'est, le caractère socialiste et révolutionnaire de la journée du 8 mars est bien ancré dans les esprits contrairement à la France.

 

A la fin des années 50, les Etats-Unis adoptent la "journée des femmes" puis en 1977, c'est l'ONU qui proclamera le 8 mars "Journée Internationale des droits de la femme".

 

En France, c'est Pierre Mauroy en 1982 qui lui donne son caractère officiel.

 

Voilà pour le petit récap historique (merci à Le Point - Historia "100 idées reçues sur les femmes dans l'Histoire", à Wikipédia, et à plein d'autres sites Internet)

 

 

Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous. Mais quand même ! Faire cette découverte à 28 ans, je trouve ça assez pathétique pour ma part.

 

Quand je repense à mon ancienne DRH et à ses roses, j'en ricane. Les fleurs, en fait, ce n'était pas vraiment dans le ton. Il aurait mieux convenu d'afficher des tableaux récap' de la répartition hommes/femmes dans les catégories cadres et non cadres, des rémunérations moyennes des hommes et des femmes par coefficient, des promotions et formations, des temps partiels...

 

 

ça, c'était plus dans le ton, non ?

 

Et vous ? Quels sont vos souvenirs de "8 mars Journée des femmes" ?


08/03/2012
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Mes p'tites indignations 2/2... et 1.3

Mea culpa. Le titre de mon précédent billet laissait entendre qu'une suite était à venir très prochainement. Malheureusement, les fêtes de noël – aaaaah les fêtes de noël !!! (je vous laisse le soin d’y mettre l’intonation de votre choix) – puis un début d’année un peu corsé niveau boulot ont suffit à balayer mes bonnes résolutions.

 

De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Mais il ne sera pas dit pour autant que je ne vous livrerez pas – même tardivement – ma p’tite indignation 2/2.

 

La voici :

 

  

Cette photo a été prise le 30 novembre. Si on ne voit que trois affiches, le mur fait un angle sur la gauche où est placardé un quatrième panneau publicitaire dédié à Carrefour.

 

Juste derrière moi, hors champ, se trouve la cour de récréation d’une école primaire. C’est un quartier populaire tous ce qu’il y a de plus banal, ni ghetto sulfureux, ni centre-ville huppé, ni quartier résidentiel cossu.

 

Dans ma ville, ces panneaux publicitaires sont omniprésents, très fréquemment par grappes de deux, trois, voire quatre (comme ici).

 

Pour un impact décuplé (enfin… j’imagine), ces grappes de panneaux sont louées par un même afficheur. Lorsqu’il s’agit de promouvoir les projets culturels du Conseil Général ou de la commune, passe encore. Lorsqu’il s’agit d’annoncer la tenue de salon érotique dans la grosse ville du coin, ça me fait rire. Lorsqu’il s’agit de mettre sous le nez des gamins la WII, l’ordinateur portable et qu’on indique obligeamment aux parents qu’ils peuvent s’endetter pour satisfaire les desideratas de leurs chères progénitures… j’en grimace.

 

Alors, il y aurait tant à développer. On pourrait parler de la pollution visuelle induite par les panneaux publicitaires. Par exemple, cet hiver, Carrefour a loué la plupart des espaces publicitaires disponibles dans ma ville. A chaque coin de rue, vous tombiez sur la réclame de ce foutu crédit à 2%. Les expressions « prise d’otage » ou encore « matraquage » me viennent à l’esprit pour décrire ce forcing.

 

On pourrait continuer sur la pression de noël, le surendettement des ménages, la manipulation des plus jeunes à des fins commerciales, les souffrances liées à la frustration « de ne pas avoir », « de ne pas pouvoir offrir », etc. etc.

 

Mais, comme je vous le disais plus haut, de l’eau a coulé sous les ponts si bien que – une indignation chassant l’autre – je vous soumets ma nouvelle p’tite indignation, appelons-là Indignation 1.3.

 

La voici :

 

Nous sommes toujours de par chez moi. Ceci est l’affiche grand-format du magazine Votre Beauté de mon marchand de journaux juste à ma gauche hors champ. Derrière moi, la fameuse école primaire, et encore un peu plus loin derrière les fameux quatre panneaux publicitaires.

 

Je l’ai prise en photo ce midi, alors qu’une flopée de gamins courait à côté, une poignée de parents dans leur sillage (« oh ! Une perverse qui prend une photo de bonne femme à poil en pleine rue ! »)

 

Et comme vous pouvez vous l’imaginer, ça m’a indigné.

 

Allez, comme la photo n’est pas forcément bien prise (je n’ai fais qu’un essai avant de prendre mes jambes à mon cou), je vous la remets version « mieux » :

 

Et je vous donne le lien du site Internet en prime ICI.

 

Donc au programme : VOUS ! Oui vous là-bas ! La p’tite boulotte sur le retour qui s’angoisse déjà à l’idée de rentrer dans un maillot de bain cet été.

 

Donc VOUS en MIEUX. Vous comme MOI, Joyce Verheyen, mannequin de chez ELITE Milano qui vous jette ce drôle de regard provocateur, ma tête comme désaxée sur ce corps aux mensurations « de rêve » (84-63-89).

 

C’est à votre portée, accessible, vous dis-je. Alors qu’attendez-vous pour vous y mettre ? Il vous suffit de faire un régime et vous n’avez même pas à compter les calories. Et si vous êtes trop affamée – vite ! – une petite séance d’aiguilles magiques qui balayeront vos pulsions. Vous remédierez à la rondeur de votre ventre – horrible spectacle dont il ne saurait être question d’infliger la vue aux autres. Pourquoi pas grâce à nos massages miracles qui vous dégonfleront à merveille ?

 

Parce que « tête bien faite vos mieux que tête bien pleine », vous ferez suivre à vos cheveux un régime protéiné (si vous êtes au régime Dukan, y a pas de raison que vos cheveux ne le soient pas aussi) destiné à les « revitaliser » en profondeur.

 

Enfin, nous réaffirmons dans Votre Beauté que toutes les femmes ont le droit d’avoir une belle peau ! Vous n’avez juste qu’à suivre nos prescriptions.

 

Les femmes et leur corps. Le corps des femmes comme champ de bataille commercial à grand renfort de marketing. Ce corps de femme que l’on morcèle et fragmente :

« Et votre ventre ? Vous faîtes attention à la rondeur et à la fermeté de votre ventre ? Tartinez-vous donc de la crème Stopaugras et faites de la danse orientale sous-marine en tuba pour raffermir vos abdos (liste des clubs disponibles sur notre site Internet).

 

« Et vos cheveux ? Pas trop ternes, vos cheveux ? Utilisez donc les gélules des laboratoires Antiterne aux principes actifs revigorants associés à des masques capillaires aux molécules d’acétoïnes boostées du même laboratoire.

 

« Et votre peau ? Pas trop d’acné ? Pas trop de rides, de tâches ? Utilisez la crème… le gel… le masque… l’appareil miracle…

 

« Et vos hanches ? Et vos cuisses ? Pensez à perdre « localisé » grâce à un procédé révolutionnaire…

 

Etc. Ad nauseum.

Un peu comme dans la chanson de l’alouette dont on plume la tête, le bec, les yeux, le cou, les pattes, le dos…

 

Ce morcèlement du corps féminin associé au désir de perfection et à la peur d'être rejetée garantissent un business sans fin. Il y a toujours quelque chose à perfectionner, à améliorer pour coller au plus près des canons de la mode. La quête du « moi en mieux » n’aura jamais de fin. Et le mieux, comme chacunE le sait, c’est l’ennemi du bien.

 

Allez, vous reprendrez bien un peu de pâté d’alouette ?!


23/02/2012
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Mes p’tites indignations 1/2

En pérégrination au supermarché du « coin de par chez moi », j’ai soudain l’idée saugrenue de chercher un peu de littérature pour ma chère Tigrounette.

 

C’est que du haut de ses quatorze pâquerettes, elle dévore ses livres… au sens propre. Même les bouquins en carton plastifié garantis « baby resist » finissent par rendre l’âme au bout de quelques semaines face à l’enthousiasme débordant des quenottes de sa Majesté.

 

Je mets donc le cap vers le rayon de littérature enfantine en espérant – stupidement, je l’admets – trouver LA perle rare : résistante et suffisamment captivante pour que ma (très !) remuante progéniture veuille bien cesser temporaire d’escalader le mobilier du salon. Car du tigre, elle a l’énergie, la résistance et la vaillance. Nulle chute, nulle bosse, nulle réprimande ne la dissuade de s’attaquer à l’Everest que représente le bureau paternel et ses Saints Graal, respectivement la souris de l’ordinateur et le smartphone de son geek de père.

 

Mais je m’égare…

 

Me voici donc devant le rayon des livres pour bébé lorsque je tombe sur ceci :

 

 

Coincés entre OUI-OUI et Winnie l’Ourson (ces deux-là ont décidément réussi leur OPA sur le secteur de la petite enfance), six petits livres. Mécaniquement attirée par les couleurs très « girly » (foutue éducation !) je m’empare de l’un d’eux lorsque – horreur – je me rends compte du titre : Chloé joue à faire le ménage.

 

Je tique, je cille, ma mâchoire pend tandis que mon cerveau tente d’assimiler à toute vitesse l’information envoyée par mes globes oculaires. Joue à faire le ménage ? Sérieusement ???

 

Me remémorant les vaines tentatives (musclées ou perfides) de ma mère pour m’intéresser un tant soit peu à cette discipline, je reste sur le c… séant.

 

Je repose vivement le livre dans le rayonnage et souffle sur mes doigts encore brûlant  tandis que – curieuse – je jette un coup d’œil aux autres bouquins.

 

Ainsi donc, pendant que Chloé « joue à » faire le ménage, que Lola joue à la dînette et Lisa, à la maîtresse, ces messieurs Pierre, Gaston et Lulu peuvent faire des trucs supers cools comme piloter un hélicoptère, un avion et une grue ??? Ben merde alors !

 

Révolte ! Rébellion !!! Vite : photo ! (ça, c’est la résolution de mes trente ans : une révolte, une photo. Les Dieux nous ont équipé de smartphone, c’est pour que nous nous en servions !)

 

Dégoûtée, je quitte bien vite un rayon aussi mal fréquenté. Il n’empêche l’Affaire continue de trotter dans ma tête. De retour à la maison, je jette un coup d’œil à ma photo pour connaître l’éditeur : Fleurus.

 

Mu par un masochisme certain, je décide de consulter leur site Internet en lien ICI. Vous ne voulez pas cliquer ? Ce n’est pas grave car je ne vous épargnerai AUCUN détail.

 

Chloé, Lola et Lisa font donc partie de la collection « P’tites filles » dans laquelle leurs copines (Jade, Lilou et les autres) « jouent » à la poupée, à la fée, à la princesse, à la marchande, au docteur, à la coiffeuse et à la vétérinaire. J’ai checké et je n’ai rien oublié. Au programme donc de ces demoiselles : robes, tutus, mises en plie, tâches ménagères, et soins des autres (animaux ou enfants). Toutes activités sans débauches d’énergie excessives qui s’exercent dans le cadre feutré d’un local fermé (maison, magasin, cabinet…)

 

Parce la collection « P’tites filles » de Fleurus est « une adorable collection pour les petites filles, qui aiment s'amuser en imitant les grands » dixit le petit descriptif sur Internet.

 

Donc les petites filles, ça s’amuse en imitant les grands. Dont acte !

 

Et pendant ce temps, que font leurs copains de la collection « P’tits garçons » ? Ils conduisent du lourd, du très très lourd : hélicoptère, avion, ambulance, formule 1, moto… grand éclat de rire pour « le camion-poubelle de Marcel ».

 

Les « P’tits garçons » n’imitent pas, non ! Ils s'identifient aux héros et laissent vagabonder leur imagination (toujours dixit le descriptif du site).

 

Engins mécaniques, vitesse, techniques, et activités au grand air pour ces petits messieurs en devenir qui s’amusent en s’identifiant à des héros et en faisant marcher leur imagination.

 

Je vous ai dis que je ne vous épargnerai aucun détail et ce sera le cas, tenez vous le pour dit ! Car les éditions Fleurus ont commis deux autres collections du même goût :

« Mon rêve de » à destination des filles (mais si, vous savez bien que les filles, ça rêve !) qui soupirent en s’imaginant – encore ! – princesse, fée, actrice, chanteuse, danseuse, top model ( !!!), sirène et cavalière. « Une collection pour faire rêver les petites filles. Des couvertures avec des paillettes 100% petites filles. »

 

C’est sûr ! ça fait rêver. Amour, gloire et beauté !

 

 

Le pendant masculin de cette « adorable » collection, c’est « P’tit héros ». Toujours en quête d’identification à ses héros favoris, nos petits vaillants p’tits gars vivront les aventures : du pirate, du cow-boy, du chevalier, de l’indien, de l’aventurier et du super-héros.

 

De l’action, de l’aventure et des armes (si possible à feu, merci bien !)

 

Une chose me frappe à mesure que j’écris ces lignes : avez-vous remarqué que sur les huit « rêve de » à destination des petites filles, cinq des archétypes présentés sont ancrés dans le réel : l’actrice, la chanteuse, la danseuse, le top-model et la cavalière… ce sont des figures qui existent réellement. Seules la fée, la princesse et la sirène relèvent réellement de l’ordre de l’imaginaire.

 

Les pirates, indiens et autres super-héros relèvent TOUS soit d’un passé révolu (dans la forme présentée) soit d’archétypes parfaitement imaginaires. Aucun n’a d’existence dans le réel (et ne me sortez pas qu’il y a des pirates en Somalie et des Indiens dans des réserves parce que ce serait de la pure malhonnêteté intellectuelle).

 


 Ce qui me renvoi à l’excellent film « La domination masculine » et son vendeur de jouets qui expliquait que les petits garçons imaginent des histoires de toutes pièces (ils peuvent mélanger des dinosaures et des batmobiles sans problèmes) là où les petites filles sont dans l’imitation de « maman » (sous-entendu : qu’elles ont moins d’imagination ? qu’elles sont plus dans le « réel » ?)


Et toujours ce même vendeur de pointer que les héros des petits garçons ont des supers pouvoirs : Spiderman, Batman, Superman… pouvoirs… pouvoir…



 

Là où les héroïnes des petites filles n’en ont pas : princesses et fées. Les princesses et les fées émettent ou exaucent des vœux (de préférence : jolie voix, joli teint, jolie robe et princes charmants, si possible dans cet ordre).

 

 

Dans cette histoire, je ne sais pas trop ce qui me met en rogne : que ces bouquins soient écrits par des femmes qui ne manqueront pas d’opiner benoîtement lorsqu’on leur parlera d’égalité de traitement salariale : salaires mais également accès de carrières (on devient coiffeuse à 600 € par mois, pas conductrice de grue à 1500 € !), accès à la formation, aux CDI temps plein… ?

Qu’il y ait de bonnes âmes qui ne manqueront pas de les acheter ?

Que ces bouquins participent aux renforcements des stéréotypes et empêchent de futurs adultes de trouver leur orientation professionnelle ?

Combien de conductrices d’ambulance, de pilotes de ligne ou de conductrices de grue ou de chariot élévateur ratent leur voie parce qu’on les a cantonné à des rôles passifs de princesses à sauver ?

Combien rate-t-on d’infirmiers ou de puériculteurs parce que les métiers du soin, c’est pour les filles ?

Combien d’hommes ne pensent même pas à réduire leur activité pour profiter de leurs enfants, pour les voir grandir parce que c’est la maman qui doit s’occuper des enfants – avec l’approbation farouche de ces dames qui râlent que leur homme ne font pas le ménage mais ne le laissent pas s’approcher de la machine à laver (« ben oui, il ne sais pas s’en servir ! Il ferait n’importe quoi ! »)

 

Oh, ne vous trompez pas ! Ce n’est pas la honte de jouer à la dînette. Ni à la marchande ou à la princesse. J’y ai joué plus qu’à mon tour avec un réel plaisir… accompagnée de plein de petites copines et petits copains de jeu.

 

Mais j’ai un rêve un peu idiot. Celui d’une collection de livres pour enfants qui ne fera pas dans la ségrégation des genres. Qui titrera : « Paul et Chloé jouent à la dînette », « La grue de Marion et Lulu », « Maxence et Lilou, pirates des caraïbes »… Un truc sympa, qui favorisera le « vivre ensemble » des filles et des garçons. Et qui leur ouvrira grand, très grand, l’horizon…

 


01/12/2011
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343 SALOPES – 5 avril 1971

Dans la France de 2011 :

« Moi j’dis : la vie, c’est sacré !

 

« Et puis, il parait qu’à 12 semaines, ils ont un petit cœur qui bat, des petits bras, des petites jambes et qu’ils gigotent… la vie quoi !

 

« Moi, ça m’met mal à l’aise de savoir qu’on fait ça à des bébés.

 

« Et puis, maintenant, y a la pilule et tout ça, alors franchement, la nana qui s’fait mettre en cloque, elle l’a pas un peu cherché non ?

 

« T’imagines toi, si ta mère elle avait dit « non mais en fait, j’veux pas de toi, j’tire la chasse ! » ? T’es content d’être là, non ?

 

« Ouais, bon, en cas de viol, j’dis pas… quoi que, y a quand même l’accouchement sous X non ? Moi j’dis, y a rien de plus beau qu’une mère qui remet son bébé entre les mains d’une autre femme en disant « moi je peux pas m’en occuper, je te le confie ».

 

« Et puis, faut voir ! Parait qu’il y a plus de 200 000 avortements par an. T’imagines le nombre de petits bébés français qui passent à la trappe, pouf comme ça ? Avec tout ces gens qui peuvent pas avoir d’enfant. C’est un scandale !

 

« Et puis les étrangers, eux, ils en font des moufflets. Si ça continue comme ça, on va se faire bouffer tout cru même.

 

« Tiens, la dernière fois, à la télé, y avait un type vachement bien qui expliquait bien tout ça. Il disait qu’on était dans une société qui cultive la mort. Il disait : l’euthanasie, l’avortement, même combat. Que c’était comme la peine de mort (même si franchement, pour des Dutroux et compagnie, j’te la remettrais en route, moi, la guillotine). Que c’est parce qu’on vit dans une société aseptisée.

 

« Il disait qu’on était comme les nazis, on accepte plus ce qui est différent. Les enfants non voulus, les handicapés, les vieux… pff à la poubelle. Il disait qu’on vit dans une société de confort où l’on choisit la solution de facilité et qu’il faudrait mieux accompagner les mamans en détresse plutôt que de les obliger à avorter.

 

« Et puis, faut voir les dégâts que ça fait l’avortement sur les nanas. Elles s’en remettent pas ! Elles disent toutes qu’elles regrettent. Elles en font des dépressions !

 

« T’as déjà vu un avortement ? Non parce qu’y en a des dispos sur Internet. Horrible ! Y a un prof qui a montré ça à ses élèves et il s’est fait viré. Viré pour avoir osé montrer la vérité.

 

« Non parce que, ces connasses de féministes là (si ça tenait qu’à moi, celles là…), elles veulent pas que nous, les mecs, on ait notre mot à dire.

 

« Alors ça ouais ! Pour gueuler qu’elles veulent plus de pognon et nos jobs et se plaindre qu’on est des méchants qui les tabassent, ça elles savent. Mais quand on dit qu’on veut la garde des mômes et que le juge nous les donne pas, hein ?, ou encore quand la nana elle tombe en cloque, qu’elle garde le moufflet et fait banquer le père, hein ? Ben là y a plus personne.

 

« Moi j’dis, avec les moyens qu’y a aujourd’hui, on devrait plus avoir d’avortements. C’est pas normal.

 

 

Il y a 40 ans de ça aujourd’hui,

 

Alors que l’avortement était un crime passible de lourdes peines de prison, voire de mort,

 

Malgré une opinion publique très hostile,

 

343 femmes ont eu le courage de signer la pétition suivante rédigée par Simone de Beauvoir :

 

« Un million de femmes se font avorter chaque année en France.

 

Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.

On fait le silence sur ces millions de femmes.

 

Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.

 

De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »

 

40 ans plus tard, Mesdames*, je m’incline ! Je loue votre courage et je sais ce que je vous dois.

Et je le déclare aujourd’hui, avec toute la force qui m’anime :

« Mon corps n’appartient qu’à moi.

Mon utérus n’est ni au service d’un homme, ni au service d’un dieu ou d’une nation.

J’ai le droit de ne pas vouloir et de ne pas avoir d’enfant.

J’ai le droit de m’habiller comme je l’entends, de montrer mes jambes ou de cacher mes cheveux si je le veux et de disposer de mon corps comme bon me semble.»**

 

Aujourd’hui, la loi française entérine le droit à la contraception et à l’avortement. Mais mon petit préambule est là pour rappeler que ce sont des droits très fragiles qui font l’objet d’attaques frontales ou insidieuses tels que :

*les manifestations « pro-life »,

*le prosélytisme sur Internet ou à l’école ( !),

*les interventions de personnalités influentes religieuses ou philosophiques,

*le lobbying auprès de nos parlementaires ou sénateurs,

*la remise en cause des crédits et subventions des plannings familiaux,

*la fermeture des hôpitaux de proximité et de leurs urgences gynécologiques etc.

 

Les opposants aux droits des femmes à disposer d’eux même sont sur tous les fronts : opinion publique, éducation, législatif… Alors, Mesdames et Messieurs, ne nous laissons pas faire !

 

J’en profite pour rappeler que le droit à l’avortement n’est pas l’apologie de l’IVG contrairement à ce que certains veulent faire croire mais le droit pour les femmes de CHOISIR de mener – ou non – une grossesse à son terme pour des raisons qui leur sont propres.

 

Pour conclure, je salue ici le nouveau manifeste des « 343 » publié dans Libération aujourd’hui qui interpelle : 40 ans plus tard, des progrès mais toujours pas d’égalité réelle et surtout des acquis en danger.

 

Et lorsqu’on lit les commentaires sur les forums de Libé concernant le féminisme et le nouveau manifeste… on comprend que – sans déconner les enfants – la partie n’est pas gagnée !



*Et Messieurs car la pétition a été initiée par Jean Moreau de la rédaction du Nouvel Observateur et soutenue par Charlie Hebdo. Pour la petite histoire, c’est au dessin satirique de Cabu que l’on doit le surnom de « Manifeste des 343 salopes ». De plus, cette pétition a été suivie en 1973 d'un manifeste de 331 médecins se déclarants pour la liberté à l’avortement.

 

**Accessoirement, ni meilleure ni pire que les hommes, je réclame aussi le droit à la stupidité selon la formule de Georges Eliot « Je ne nie pas que les femmes soient stupides ; Dieu Tout Puissant les fit à l’égal des hommes »


05/04/2011
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L'assurance maladie vous informe : sein ou biberon, il est temps d'y songer...

Attention : billet coup de gueule. Ames sensibles s’abstenir !

Hier, j’ouvre ma boite aux lettres et qu’y trouve-je ? Le petit guide de la maternité de 6 à 9 mois de l’assurance maladie. C’est que j’ai été une future maman consciencieuse qui a bien envoyé ses différents imprimés CERFA en temps et en heure.

 

Comme il s’agit de mon premier bébé, je me jette sur la documentation si gentiment fournie.

 

Je feuillette en travers quand je tombe sur la double page intitulé « sein ou biberon : il est temps d’y songer ».

ça tombe à pic, car en ce moment je cherche toute information pratique sur le sujet.

Vous avez dis "pratique" ?

Et j’ai bien dis pratique car dans mon entourage, les nouveaux parents sont légion (question de tranches d’âges parait-il) et ils sont unanimes : y a la théorie… et puis la pratique !

 

Vous imaginez bien que cette fameuse question de l’allaitement ou non revient donc régulièrement sur le tapis, les considérations idéologiques à la Elisabeth BADINTER ou à la Cécile DUFLOT en moins. Les jeunes parents, ça veut allier le pratique au bon pour bébé !

 

Autour de moi, le constat est le suivant : toutes mes copines jeunes mamans se sont essayées à l’allaitement (toutes sauf UNE, infirmière de son état, qui a éclaté d’un rire joyeux et m’a avoué être incapable de se passer de cigarettes plus longtemps) convaincues par l’argument massue : c’est ce qu’il y a de mieux pour votre enfant. Et, en effet, qui ne voudrait pas du meilleur pour son bébé ?

 

Mais, force est de constater que beaucoup ont jeté l’éponge lors du premier mois. Les plus résistants ne sont pas allés au-delà du congé maternité. Et le retour d’expérience est pour le moins mitigé. En vrac : douleurs, fatigues, kystes, absence de lait, contraintes médicamenteuses et alimentaires, aspiration à reprendre un peu une vie « à soi », perspective de la reprise du boulot, …

 

Ce qui est frappant en revanche, c’est que beaucoup disent avec une  mine coupable : « on a dû mal s’y prendre. Pour le prochain, promis, on tiendra plus longtemps ! »

 

En tant que future maman, je recherche donc LA bonne formule. D’où mon intérêt pour cette fameuse double page du livret !

 

Je parcours rapidement l’introduction :

Allaitement ou biberon ? Peut être avez-vous déjà fait votre choix. Si ce n’est pas le cas, voici quelques informations qui vous permettront peut être de prendre votre décision 

 

La, je me sens cœur de cible ! Donc si j’ai bien compris, nous allons parler des mérites comparés de l’allaitement et du biberon ? Chouette parce que j’ai tant de questions : peut-on mixer sein et biberon ? Si je confie bébé à mamie et que j’allaite, peut-elle lui donner un biberon de lait maternisé malgré tout en attendant mon retour ? Et les bib : stérilisation ou pas ? Est-ce qu’on peut tirer son lait et le donner au biberon et si oui, à partir de quand ? etc. etc.

 

Coup d’œil rapide sur les gros titres (les gras et italiques respectent la typo) :

 Allaiter peut protéger la santé de votre enfant...

… et veiller sur votre santé ainsi que votre silhouette ! 

Une envie personnelle avant tout

En discuter avec le papa

 

Hum [moue dubitative de Cixi], voyons si j’ai bien compris. Alors… allaiter protège la santé de mon enfant et la mienne et en plus, cela me permettra de jouer les nymphettes l'été prochain (vous aurez compris que pour cet été, c'est râpé) ? Ben plus d’hésitations ?! Devant cette envie tout à fait personnelle (et absolument pas induite) je file en parler au papa !

 

Ouais, je sais, parfois je suis un peu de mauvaise foi…

 

D’un autre côté, je note objectivement qu’il n’est pas fait mention du choix biberon ou tire lait (ou que sais-je !) dans les gros titres de cet encart « informatif ».

 

Résignée, je lis quand même dans le détail.

 

Certifié "bon pour bébé"

L’exposé de la première partie sur les bienfaits (reconnus) de l’allaitement pour les nourrissons est bien rodé : anticorps maternels = moins de maladies. Allaiter = éveiller bébé aux différentes saveurs (le goût des aliments « passent » dans le lait maternel parait-il).

Pour finir, une petite ligne précise que

les laits maternisés proposés dans le commerce apportent également les nutriments essentiels à votre enfant

 

Mais quelle mère refuserait ses anticorps à son tout petit et l’exposerait aux

staphylocoques, streptocoques, pneumocoques, aux infections types gastro-entérites, otites ou infections respiratoires

mentionnés dans ce guide ? Hein ? Je vous le demande un peu !

 

A côté de cela, l’argument des « laits maternisés qui apportent les nutriments essentiels » semble pour le moins… maigre. L’assurance maladie tient à nous rassurer malgré tout. Ce sera certes moins bien mais bébé ne mourra quand même pas de faim.

 

Si l’allaitement a bien les vertus décrites, il conviendrait aussi d’apporter – à mon sens – quelques précisions : les contraintes en matière alimentaire pour la maman restent les mêmes que pendant sa grossesse (et c’est parfois bien lourd au bout de neuf mois). Pas d’alcool, de tabac ou autres drogues, bien sûr (mais maintenant que vous êtes maman, votre vie de débauche est derrière vous n'est-ce pas ?) Mais également impossibilité de recourir à un large éventail de médicaments. Et les Dieux savent que pour certaines, ça peut être une vraie gageure.

 

Ce fut le cas pour ma copine Anne par exemple sous traitement pour sa tyroïde qu'elle a dû stopper lors de sa grossesse. Les hormones aidant, la plupart des symptômes (déprime profonde, maux physiques divers) ont été tenus en respect pendant ces neuf mois. A la naissance de bébé, elle décide d’allaiter, motivée par sa sage femme (« allez-y, quand on allaite, on baigne dans les hormones et le bonheur grâce à l’ocytocine »).

Et bien pas pour Anne. Les symptômes de son dérèglement thyroïdien sont revenus rapidement en force. Souffrante et profondément abattue, elle a arrêté l’allaitement au bout d’un mois et demi pour reprendre enfin son traitement (malgré les protestations de la sage femme : « vous devriez tenir bon, ce n’est que le baby blues ! Vous voulez ce qu’il y a de mieux pour votre enfant non ? »)

 

Donc, il me semble que c’est une information qui mériterait d’être mentionnée dans le cadre d’une documentation impartiale.

De la santé de la maman et de sa silhouette

Sur les bienfaits de l’allaitement pour la santé de maman, c’est pour le moins… lapidaire : «

La maman n’est pas en reste, plusieurs études ont prouvé les bienfaits de l’allaitement pour la mère.

Fermer le ban.

En quoi précisément cela est bon pour la maman ? Mystère ! Quant à avoir une petite référence sur les études en question : n’y songez même pas.

Mais si on vous dit que c’est bon pour vous ! Pourquoi poser toutes ces questions ?

 

En revanche, le paragraphe sur la silhouette est sacrément alléchant :

Quelle nouvelle maman n’a pas souhaité retrouver sa ligne après l’accouchement ? Soyez rassurée, vos kilos emmagasinés pendant votre grossesse pourront fondre plus facilement car ces réserves de graisse seront utilisées par votre organisme pour fabriquer le lait maternel. La nature est bien faite !

 

 

Wouaaaah ! Par où je commence…

 

Tout d’abord, je trouve qu’avancer l’argument « silhouette » en faveur de l’allaitement ne manque pas de sel. Lors de mes recherches sur Internet, j’ai eu l’occasion de lire plusieurs commentaires très méprisants sur ces femmes « qui refusent d’allaiter pour ne pas se déformer les nénés » (les françaises sont – parait-il – championnes européennes du lait maternisé. Honte sur elles !)

 

Donc je trouve ça rigolo que l’assurance maladie mette davantage l’accent sur l’argument ligne que l’argument santé en lui-même.

 

Maintenant, attardons-nous sur la formulation racoleuse de ces lignes. Moi, ça me rappelle un peu le télé-achat ou bien ces pubs genre Slim Fast. Et la conclusion massue : « la nature est bien faite ! » En ces temps de retour aux valeurs, le naturel est très porteur.

 

[Mode mauvaise foi « on »] Puisqu’on vous le dit que l’allaitement c’est bien parce que c’est naturel ! Ben à ce compte là, la variole ou Ebola aussi, c’est naturel. Quant à leurs bienfaits, c’est une autre histoire ! Remarquez, on ne peut pas nier qu’ils soient particulièrement efficaces donc, j’admets, la nature est bien faite ! [Mode mauvaise foi « off »]

"Une envie personnel avant tout" (attention : commentaires grinçants garanties)

 

Vous hésitez à allaiter ? 

 

Ben plus vraiment après cet exposé magistral.

Parlez-en avec le papa et demandez conseil aux professionnels de santé

Ouf ! Les mamans sous traitement sont sauvées.

Le choix d’allaiter appartient à chaque femme et à chaque couple

 

En effet, on a le choix : le bon choix et le pis aller.

Toute mère peut allaiter, il suffit d’en avoir envie et de se faire confiance

 

Sauf les fumeuses, droguées, sous traitement, celles qui ont des kystes aux seins, celles qui ont peu ou pas de lait, etc. Mais dites-vous bien quand même qu’il ne s’agit que d’une question de volonté et de confiance en soi ! Ne vous en prenez qu’à vous si ça rate.

Toutefois, si l’idée de donner le sein vous semble trop contraignante voire repoussante, il est essentiel de ne pas vous forcer

 

Là encore, on les remercie de leur prévenance. A quel moment parle-t-on contraintes exactement ? Attendez, je relis la doc, j’ai du rater des lignes. Sans doute quelque part entre empêcher ces vilains streptocoques de s’attaquer à bébé et le passage où on retrouve sa silhouette de jeune fille d’un coup de baguette magique. Vous parlez d’un p*** de choix !

L’important est de ne pas se sentir coupable de préférer le biberon à l’allaitement

Alors là, j’en reste baba… je me demande bien où est-ce qu’ils vont chercher l’idée qu’on puisse se sentir coupable de ne pas allaiter. Ne serait-ce pas parce que la mère qui ne donne pas le sein voue son petit aux affres de la maladie et limite ses expériences gustatives ? Mais la nature a déjà pourvu à la punition de la mécréante : incapable de se débarrasser de ses kilos de grossesse, elle ressemblera à une baleine sur la plage l’été prochain, la vilaine !

Mieux vaut donner le biberon avec tendresse et amour que le sein à contrecoeur

 

Je vous l’ai dis : un pis aller, ce bib !

 

Allez va ! J’en ai fini avec ce paragraphe.

« En discuter avec le papa ».

 

Aaaah les papas ! Mes lecteurs savent dans quelle haute estime je les tiens et je suis ravie que l’assurance maladie rappelle qu’effectivement, ils ont toute leur place.

 

Il semblerait que la place du papa est une considération fréquente de la jeune maman :

Quand elles vivent en couple, beaucoup de jeunes mamans optent pour le biberon car elles ont peur que l’allaitement n’exclut le papa de l’univers du bébé.

Et pour cause :

Il est vrai que le temps consacré aux repas de votre enfant est un moment privilégié,

Outre le fait que ce moment soit privilégié (aaaah la dévotion qu’on lit dans leurs petits yeux quand on les nourrit) c’est surtout la principale activité de bébé durant les toutes premières semaines de sa vie. C’est là où il vous accorde toute son attention (sans pleurer, accessoirement). Donc ouais, les mamans souhaitent partager ce moment important avec l’homme de leur vie… ça et le fait que c’est bien aussi de pouvoir nourrir bébé à tour de rôle la nuit. Passons…

 

mais il y a mille autres façons de signifier sa tendresse au bébé. S’ils ne donnent pas le biberon, les papas peuvent changer l’enfant, le baigner et surtout le câliner.

 

Mais c’est quoi ces pères qui ont des velléités nourricières ?! Déjà qu’ont leur donne le droit de baigner bébé et de le câliner, de quoi ils se plaignent ? Non mais franchement…

"Il n'existe pas de congé d'allaitement"

Bien, maintenant qu’on m’a donné « quelques informations [rigoureuses et impartiales] qui vous permettront peut être de prendre votre décision » un encart rond et jaune intitulé « Bon à savoir » attire mon œil.

 

Et en effet, les informations que contient cet encart sont très importantes. Sans aucune ironie de ma part.

 

Car dans cet encart, vous apprendrez qu’il :

n’existe pas de congé d’allaitement. Cependant en cas d’allaitement, vous pouvez bénéficier d’une réduction d’une heure de travail par jour durant la 1ère année de votre enfant. Cette heure n’est généralement pas rémunérée. Vous avez également la possibilité d’allaiter sur votre lieu de travail.

 

Je reprends : vous venez de lire une double page du guide de l’assurance maladie qui aurait dû s’intituler « Pourquoi l’allaitement est bon pour vous et pour bébé » qui implicitement vous met dans le crâne que c’est une priorité de santé nationale.

 

Maintenant on vous précise bien que si vous décidez d’allaiter, ne comptez sur aucune aide pour concilier votre choix avec votre activité professionnelle.

Pas de congé d’allaitement, non non ! Vous n’y songez pas malheureuse ? Déjà que la sécu est ruinée ! On ne va pas aider financièrement les jeunes mamans quand la culpabilisation fait des miracles.

 

Royal, le code du travail vous attribue une heure de réduction du temps de travail par jour… non rémunérée. Ne parlons pas des difficultés de la mise en place de cette généreuse mesure IRL (In Real Life pour les non initiés). Je passe volontairement sous silence le « généralement » car j’imagine qu’il dépend des conventions collectives ou des pratiques d’entreprise. Je suis assez rodée en la matière pour me douter que ce genre de disposition doit être rarissime.

 

Aussi rarissime que la pseudo possibilité d’allaiter sur son lieu de travail d’ailleurs (déjà qu’au resto, y en a qui vous regarde bizarre, alors en entreprise…)

 

Pour le coup, c’est à vous écoeurer d’allaiter et je comprends les mamans qui font le choix du sein et qui ont le sentiment que rien n’est fait pour les soutenir dans leur décision. Voire pire : que tout est fait pour les faire abandonner. Et franchement, on ne peut pas leur donner tort : en dehors d’interrompre leur carrière (les pénibles !), de rester à la maison (les paresseuses !), de voir leurs ressources financières diminuer considérablement (ne parlons même pas de la retraite), quels choix ont-elles ?

 

N’en déplaise à l’assurance maladie, si les françaises sont championnes du biberon au lait maternisé, c’est peut être vers là, plutôt que vers ces histoires de déformation de poitrine qu’il faut regarder.

 

Bien sûr, toutes les femmes ne sont pas autant contraintes ; les travailleuses indépendantes ou les cadres ont peut être un peu plus de latitude dans leur planning. Les très grosses entreprises ont peut être, pour certaines, des accords pour rémunérer des congés ou des temps partiels pour allaitement. Peut-être sont-elles équipées de lactarium. Quant au régime dans le public, je ne le connais pas. A mon sens, ça fait beaucoup de peut-être, qui au final ne concernerait qu’une minorité de travailleuses en France.

Glissement de terrain...

Il y a quelques mois de ça, lors de la parution du dernier livre d’Elisabeth BADINTER, j’étais surprise de la violence des échanges entre commentateurs autour du thème de l’allaitement.

 

C’est qu’en fait, le débat s’est déplacé du terrain pratique (comment faire pour que de jeunes parents puissent concilier au mieux leurs intérêts et celui de leur bébé) vers le terrain idéologique (retour aux vraies valeurs, à la nature, réalisation des aspirations personnelles de la femme au travers du travail, individualisme, …)

 

 

Sans vouloir faire de la psychanalyse à deux balles, n’y aurait-il pas une névrose collective au sens freudien du terme dans ce débat national ? Qui dit débat dit oralité non ? (allez, j’arrête là !)

 

Désolée de paraître nombriliste, mais avant de me balancer au visage les intérêts supérieurs de mon bout de chou ou bien l’intérêt supérieur de mon développement personnel et de mon autonomie, j’aimerai juste faire valoir mon droit à une information complète et non partisane sur une question (en apparence) toute bête : comment nourrir bébé ? Sans être le jouet d'idéologues, lobbyistes et autres endoctrinés.

 

Merci

 

[A venir, un billet sur les toutes nouvelles dispositions en matière d’attribution de trimestres pour la retraite à la naissance d’un enfant. Quant les papas vont devant la HALDE pour dénoncer une discrimination, comment la loi sur le sujet a été modifiée, et les drôles d’idéologies qui soutiennent ce nouveau texte…]

 

Article édité ici le 27 juin 2010


28/03/2011
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