Bienvenue en Junglistan

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Et chez vous ? C'est quoi la profession du "chef de famille" ?

Il m’est arrivé récemment une anecdote – trois fois rien, je vous assure – qui m’a fait bien rire et m’a décidé à reprendre la plume pour partager ceci avec d’éventuels lecteurs égarés sur ce blog.

 

Fin d’après-midi, ma première journée de congés. Me voici donc en ballade avec mon mari et deux copains à nous dans le magasin d’une grande enseigne de bricolage.

 

Après avoir passé une heure à relever toutes les références de tous les collecteurs d’eau possibles, nous nous dirigeons l’Homme (comprenez : mon mari) et moi vers la sortie, toujours flanqués de nos deux copains (à la patience d’ange).

 

Enfin, dans un souci d’exactitude, il est plus juste de dire que je me dirige à grands pas vers la sortie pendant qu’ils trainent nonchalamment de rayons en rayons tel des abeilles butinant au printemps.

 

Ceci expliquant cela, je franchis donc la première les tourniquets de notre grande enseigne de bricolage lorsqu’une charmante dame, visiblement désespérée, m’arrête pour me demander de répondre à un questionnaire au grand cri de « ça ne prendra que 2 minutes, juré ! »

 

Un coup d’œil à ma montre. C’est bientôt l’heure de la fermeture. Rien qu’à sa tête, je comprends que la moisson de questionnaires n’a pas été très fructueuse aujourd’hui. Je m’arrête donc, laissant ainsi le temps à l’Homme et aux copains de me rejoindre et à l’enquêtrice de préparer ses questions.

 

Elle lève le museau de ses feuilles et constate que, soudain, je suis entourée de trois jeunes grands gaillards, tous  très sérieux, dans les starting-blocks pour répondre à ses questions (pfff, comme s’il y avait un prix à la clef). A cet instant, il y comme un petit vent de panique chez la dame :

- Euh, vous habitez tous ensemble ? Enfin… je veux dire, vous êtes venus faire des achats pour vous quatre ou… ?

 

Ce doit être une histoire de cible marketing. Elle pense avoir affaire à une jeune femme installée, potentiellement mère de famille « bien sous tout rapport », vous voyez le genre. Mais soudain, la bande de jeunes chevelus rigolards qui m’accompagne vient carrément de lui faire perdre ses repères.

 

Mon Homme décide alors d’endosser son identité secrète de « mâle alpha », passe un bras autour de mes épaules, et éclaircit le malentendu. Non, non ! Les courses, c’est juste pour nous deux. Voici notre enquêtrice un peu rassérénée. Monsieur/Madame, ça, elle connaît. Ça fait bien parti de la cible marketing.

 

Les deux questions suivantes la confortent encore davantage. Nous sommes mariés et nous sommes propriétaires. Parfaiiiit !

 

Se tournant alors résolument vers Monsieur, elle enchaine les questions : combien de fois venons-nous dans le magasin ? Avons-nous regardé plusieurs rayons ? Avons-nous l’intention d’acheter dans le magasin ? Sinon pourquoi ?

 

Mais… l’Homme a un fond taquin. Maintenant qu’il a compris qu’il n’y a pas de prix à gagner, il décide de nous faire participer à l’enquête, moi et nos deux compères. C’est qu’eux aussi ont été réquisitionnés à de nombreuses reprises pour acheter et transporter le matériel, faire les travaux à la maison, etc.

 

Toutes les questions sont donc passées au crible d’un examen bref mais collectif. Comme d’hab, je suis en charge d’annoncer le résultat final. Ce qui donne plus ou moins ceci :

L’enquêtrice : Avec quelle fréquence visitez-vous notre magasin ? Plusieurs fois par mois ? Plusieurs fois par an ?

L’Homme, se tournant vers les copains : pas très souvent je dirais…

Copain 1 : En tout cas, la dernière fois qu’on est venu ensemble, c’était en novembre.

Moi, hochant vigoureusement la tête : ouais, c’est ça ! On n’est pas revenu ici depuis.

L’Homme, pensif : quelques fois par an ?

Moi, me tournant vers l’enquêtrice, catégorique : deux à trois fois par an !

 

Inutile de dire que tout cela n’a pas pris deux minutes. Mais je pense qu’on a tous passé un bon moment… en tout cas, la dame a rigolé plusieurs fois avec nous… jusqu’à la dernière question. Là, je l’ai vu froncer les sourcils comme devant un problème insoluble. Elle nous a regardé mon Homme et moi, a ouvert la bouche avant de la refermer.

- « Profession du chef de famille ? » s’est-elle enfin lancée, mi-amusée mi-embarrassée.

 

Avait-elle pressentie que notre petit groupe risquait de « bugger » sur cette question ?

 

Nous avons tous échangé des coups d’œil franchement perplexes. Les deux copains – qui savent reconnaître une question piège quand ils en entendent une – ont levé les mains et secouer la tête dans un bel ensemble genre « celle-là, elle est pour vous ! »

 

On s’est donc regardé mon Homme et moi. Les yeux dans les yeux en souriant. Mais toujours aussi perplexe.

 

Remarquez, cette perplexité, nous la connaissons bien lui et moi. C’est la même que nous ressentions lorsque nous achetions, à nos débuts, notre électroménager et que le vendeur nous demandait « A quel nom, la garantie ? » On pensait avoir résolu le problème avec le mariage – un seul nom pour tous les deux. C’était pour mieux nous piéger avec la question du chef de famille. Damned !

 

Alors on a fait comme d’habitude. On s’est mis à rire. Et nos copains – qui nous connaissent bien – se sont joints à notre hilarité. Ainsi que l’enquêtrice. Et même – je vous jure – le vigile qui assistait à la scène à côté de nous.

 

Royale, j’ai fini par concéder « à toi l’honneur mon cœur ! » J’ai bien cru, sur le coup, qu’il allait me répondre « je n’en ferai rien très chère ». Heureusement, il n’a pas tergiversé davantage et nous avons enfin pu regagner la voiture.

 

Ça nous a fait rire tous le trajet.

 

Sérieusement, ça existe encore ça, la notion de chef de famille ?

 

Article édité ici le 23 avril 2009



28/03/2011
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