Bienvenue en Junglistan

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Allocution officielle de sa majesté Tigrounette Ière

Voici de longs mois maintenant que les ondes radios et télés du Junglistan sont parasitées jusqu'à saturation des déclarations fracassantes et des allocutions tonitruantes d'un petit pays exotique appelé la France.

 

Séduit par ces incroyables assauts de rhétorique venus d'outre lointain, le Premier Sinistre de sa majesté Tigrounette I a convié quelques honorables conseillers spéciaux en communication français à la Cour Impérial Junglistanaise.

 

Ces experts ce sont penchés sur les babillages infusés de sagesses politiciennes du "Soleil des Nuits" de l'Empire - 18 mois, que mille pots de liniment protège la peau délicate de son fondement - et en ont livré au monde une vulgarisation en mots communs.

 

Le Junglistan Post est fier d'en livrer la primeur à ses lecteurs :



 

 

Bien chères sujettes, chers administrés,

 

J'ai depuis longtemps, ai-je besoin de vous le rappeler, défendu l'idée que le particularisme dû à notre histoire unique doit nous amener au choix réellement impératif de solutions rapides correspondant véritablement aux grands axes sociaux.

 

Je reste fondamentalement persuadée que la situation d'exclusion que certains d'entre vous connaissent oblige à la prise en compte encore plus effective d'un avenir s'orientant vers plus de progrès et plus de justice.

 

Je tiens à vous dire ici ma détermination sans faille pour clamer haut et fort que l'effort prioritaire en faveur du statut précaires des exclus conforte mon désir incontestable d'aller dans le sens d'un plan correspondant véritablement aux exigences légitimes de chacun.

 

Par ailleurs, c'est en toute connaissance de cause que je peux affirmer aujourd'hui que la volonté farouche de sortir notre pays de la crise à pour conséquence obligatoire l'urgente nécessité d'une valorisation sans concession de nos caractères spécifiques.

 

Dés lors, sachez que je me battrai pour faire admettre que l'acuité des problèmes de la vie quotidienne interpelle la servante du peuple que je suis et nous oblige tous à aller de l'avant d'une restructuration sociale dans laquelle chacun pourra retrouver sa dignité.

 

Et c'est en toute conscience que je déclare avec conviction que l'aspiration légitime de chacun au progrès social fait des préoccupations de la population de base dans l'élaboration d'un programme plus humain, plus fraternel et plus juste.

 

Vive le Grand Empire du Junglistan Libre !

 


Mais comment les conseillers spéciaux en communication ont-ils bien pu percer le mystère des gracieux gazouillis de sa majestissime Tigrounette ?

 

Cixi s'est penchée sur la question et dévoile... la mystification !

 

 

A l'origine de cette arnaque, un site Internet étrange Lazarus-mirages.net qui se propose de faire marcher... votre esprit critique ! Et de mettre vos croyances à l'épreuve du doute.

 

Cliquez sans crainte sur "j'entre à mes risques et périls" et ouvrez grands vos yeux et vos oreilles.

 

Puis choisissez "Lazarus Président" et écoutez bien ce que ce mystérieux monsieur a à vous dire. Enfin... exercez vous à composer vos discours politiques aussi bien qu'un pro de la communication grâce au composeur de phrases creuses :) Amusez-vous bien !!!

 

Ces phrases sont des illustrations parfaites de ce qu'on appelle "l'effet puits" c'est à dire une succession de phrases creuses qui peuvent être acceptées comme foncièrement vraies par toute personne car celle-ci y ajoutera elle-même les circonstances qui, seules, en font des phrases ayant un sens. L’effet puits désigne ainsi la vacuité, souhaitée ou non, derrière un discours pompeux saupoudré de mots à effet impact ou de termes abscons.

 

Des mots creux mais séduisants que chacun va personnaliser en fonction de ses idées, de son vécu... une façon de parler à tous sans rien vouloir dire.

 

Mais il y a bien d'autres sujets à découvrir : astrologie, homéopathie, miracles... et bien d'autres encore à venir.

 

Ce que vous avez vu sur le site vous intéresse et vous en voulez plus ? je vous invite à consulter également le CorteX et à découvrir les mécanismes des effets Pangloss, Panurge, Barnum, etc.

 

Douter est un art. Exercez-vous !

 


01/04/2012
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Souvenirs de 8 mars "Journée des femmes"

Je me souviens de ma première journée du 8 mars, "journée des femmes". Je venais de me faire embaucher comme petite-main (je HAIS cette expression, je pourrais en faire un billet un jour) au service RH de Tartampion SA, en contrat de qualif'. J'avais 22 ans. Ce jour-là, ma boss, la DRH de la boite, avait fait livrer des roses au bureau et en avait distribué à toutes les femmes de l'entreprise.

 

J'avais trouvé l'attention charmante à l'époque, surtout de la part de celle que je considérais comme un vrai dragon et qui affirmera quelques semaines plus tard de façon catégorique : "Pour un poste de secrétaire standardiste, tartampion SA recrutera une femme et pour un poste de commercial, nous recruterons un homme. C'est comme ça et puis c'est tout !"

 

...charmante attention...

 

Dans mon inculture crasse, la "journée de la femme" était un jour de "célébration" des femmes, comprenez : où les hommes devaient être gentils, faire le ménage et préparer un dîner en amoureux. Je la confondais vaguement avec la St Valentin mais version "c'est nous les reines". Pire, je ne savais même pas que cette fameuse journée était fixée le 8 mars.

 

Ouais, je sais, ça craint.

 

Avec les années, ça ne s'est pas vraiment arrangée. N'ayant toujours pas la moindre idée de la signification de cette journée, je me suis rangée du côté de la pensée dominante version "pfff ça sert à rien la journée de la femme (dont je ne savais toujours pas précisément la date, notez) ! Pourquoi faudrait-il une journée spécialement dédiée aux femmes ? C'est idiot, limite sexiste non ? Et puis quoi, les 364 autres jours sont pour les hommes ?"

 

Une inculture crasse, je vous dis (mais que fait l'école, je vous le demande) !

 

Ajoutez à ça que des roses, les salariées de Tartampion SA n'en n'ont reçu qu'une seule fois. L'habitude des mâles de la maison, c'est plutôt de vous envoyer par mails des blagues sexistes et salaces du style de ce powerpoint célébrant la fameuse journée "Steak et Pipe" (créée d'ailleurs pour "contre-balancer" la St Valentin et pas la journée du 8 mars mais bon, ce n'est qu'un détail).

 

Mais ça encore, ce n'est vraiment pas le PIRE ! Non.

 

Le pire, c'est encore ces mails à l'eau de rose (justement) qui célèbrent la femme "cet être extraordinaire, forte et douce, capable de tant d'abnégation au travail comme au foyer..." BLA-BLA-BLA. Mais si, vous savez bien ! Ces powerpoint à la musique mièvre, aux textes dégoulinants comme de la guimauve, bourrés de photos de fleurs, de papillons et autres colombes, qui finissent invariablement par la consigne de transmettre ce message émouvant à toutes les femmes remarquables de son carnet d'adresse.

 

Vous n'avez pas pu y échapper ! je ne vous crois pas ! (ou alors je suis terriblement jalouse)

 

Mes souvenirs de "8 mars" sont donc inextricablement liés à ma vie professionnelle, ce qui aurait dû me mettre sur la piste de ce que représentait REELLEMENT la journée dites "des femmes".

 

Et puis, un jour, c'est l'illumination. Je tombe par hasard sur un article qui explique que contrairement à une idée assez répandue en France, la journée du 8 mars n'est pas la date d'un soulèvement d'ouvrières du textile de New-York (ça tombe bien, je n'avais aucune idée préconçue de l'origine de la fameuse journée. Je suis une page vierge, instruit-moi !) Les premières mentions à ce mythe remonte à 1955 dans le journal L'Humanité, régulièrement reprise par la presse française, notamment communiste, jusque dans les années 80.

 

Mais la vérité est ailleurs.

 

Le 8 mars 1910, l'Internationale socialiste des femmes tient son deuxième congrés à Copenhague. Ce serait la féministe socialiste allemande Clara Zethkin qui propose à la tribune de faire de cette date la "journée internationale des femmes" qui serait l'occasion de manifester en faveur du droit de vote des femmes et de l'égalité entre les sexes.

 

Visiblement peu suivie en France (on lui préfèrera d'ailleurs la "fête des mères", autrement plus conservatrice), elle a toutefois un impact plus important dans le reste de l'Europe et les grandes capitales. C'est d'ailleurs lors du 8 mars 1917 (soit le 23 février selon le calendrier julien en usage en Russie), à St Pétersbourg que des ouvrières, des employées en grève et des étudiantes manifesteront pour la paix et la baisse du prix du pain. Elles seront rapidement rejointes par les hommes, donnant le coup d'envoi de la révolution de février (donc de mars) et la fin de l'empire russe.

 

A l'est, le caractère socialiste et révolutionnaire de la journée du 8 mars est bien ancré dans les esprits contrairement à la France.

 

A la fin des années 50, les Etats-Unis adoptent la "journée des femmes" puis en 1977, c'est l'ONU qui proclamera le 8 mars "Journée Internationale des droits de la femme".

 

En France, c'est Pierre Mauroy en 1982 qui lui donne son caractère officiel.

 

Voilà pour le petit récap historique (merci à Le Point - Historia "100 idées reçues sur les femmes dans l'Histoire", à Wikipédia, et à plein d'autres sites Internet)

 

 

Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous. Mais quand même ! Faire cette découverte à 28 ans, je trouve ça assez pathétique pour ma part.

 

Quand je repense à mon ancienne DRH et à ses roses, j'en ricane. Les fleurs, en fait, ce n'était pas vraiment dans le ton. Il aurait mieux convenu d'afficher des tableaux récap' de la répartition hommes/femmes dans les catégories cadres et non cadres, des rémunérations moyennes des hommes et des femmes par coefficient, des promotions et formations, des temps partiels...

 

 

ça, c'était plus dans le ton, non ?

 

Et vous ? Quels sont vos souvenirs de "8 mars Journée des femmes" ?


08/03/2012
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Mes p'tites indignations 2/2... et 1.3

Mea culpa. Le titre de mon précédent billet laissait entendre qu'une suite était à venir très prochainement. Malheureusement, les fêtes de noël – aaaaah les fêtes de noël !!! (je vous laisse le soin d’y mettre l’intonation de votre choix) – puis un début d’année un peu corsé niveau boulot ont suffit à balayer mes bonnes résolutions.

 

De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Mais il ne sera pas dit pour autant que je ne vous livrerez pas – même tardivement – ma p’tite indignation 2/2.

 

La voici :

 

  

Cette photo a été prise le 30 novembre. Si on ne voit que trois affiches, le mur fait un angle sur la gauche où est placardé un quatrième panneau publicitaire dédié à Carrefour.

 

Juste derrière moi, hors champ, se trouve la cour de récréation d’une école primaire. C’est un quartier populaire tous ce qu’il y a de plus banal, ni ghetto sulfureux, ni centre-ville huppé, ni quartier résidentiel cossu.

 

Dans ma ville, ces panneaux publicitaires sont omniprésents, très fréquemment par grappes de deux, trois, voire quatre (comme ici).

 

Pour un impact décuplé (enfin… j’imagine), ces grappes de panneaux sont louées par un même afficheur. Lorsqu’il s’agit de promouvoir les projets culturels du Conseil Général ou de la commune, passe encore. Lorsqu’il s’agit d’annoncer la tenue de salon érotique dans la grosse ville du coin, ça me fait rire. Lorsqu’il s’agit de mettre sous le nez des gamins la WII, l’ordinateur portable et qu’on indique obligeamment aux parents qu’ils peuvent s’endetter pour satisfaire les desideratas de leurs chères progénitures… j’en grimace.

 

Alors, il y aurait tant à développer. On pourrait parler de la pollution visuelle induite par les panneaux publicitaires. Par exemple, cet hiver, Carrefour a loué la plupart des espaces publicitaires disponibles dans ma ville. A chaque coin de rue, vous tombiez sur la réclame de ce foutu crédit à 2%. Les expressions « prise d’otage » ou encore « matraquage » me viennent à l’esprit pour décrire ce forcing.

 

On pourrait continuer sur la pression de noël, le surendettement des ménages, la manipulation des plus jeunes à des fins commerciales, les souffrances liées à la frustration « de ne pas avoir », « de ne pas pouvoir offrir », etc. etc.

 

Mais, comme je vous le disais plus haut, de l’eau a coulé sous les ponts si bien que – une indignation chassant l’autre – je vous soumets ma nouvelle p’tite indignation, appelons-là Indignation 1.3.

 

La voici :

 

Nous sommes toujours de par chez moi. Ceci est l’affiche grand-format du magazine Votre Beauté de mon marchand de journaux juste à ma gauche hors champ. Derrière moi, la fameuse école primaire, et encore un peu plus loin derrière les fameux quatre panneaux publicitaires.

 

Je l’ai prise en photo ce midi, alors qu’une flopée de gamins courait à côté, une poignée de parents dans leur sillage (« oh ! Une perverse qui prend une photo de bonne femme à poil en pleine rue ! »)

 

Et comme vous pouvez vous l’imaginer, ça m’a indigné.

 

Allez, comme la photo n’est pas forcément bien prise (je n’ai fais qu’un essai avant de prendre mes jambes à mon cou), je vous la remets version « mieux » :

 

Et je vous donne le lien du site Internet en prime ICI.

 

Donc au programme : VOUS ! Oui vous là-bas ! La p’tite boulotte sur le retour qui s’angoisse déjà à l’idée de rentrer dans un maillot de bain cet été.

 

Donc VOUS en MIEUX. Vous comme MOI, Joyce Verheyen, mannequin de chez ELITE Milano qui vous jette ce drôle de regard provocateur, ma tête comme désaxée sur ce corps aux mensurations « de rêve » (84-63-89).

 

C’est à votre portée, accessible, vous dis-je. Alors qu’attendez-vous pour vous y mettre ? Il vous suffit de faire un régime et vous n’avez même pas à compter les calories. Et si vous êtes trop affamée – vite ! – une petite séance d’aiguilles magiques qui balayeront vos pulsions. Vous remédierez à la rondeur de votre ventre – horrible spectacle dont il ne saurait être question d’infliger la vue aux autres. Pourquoi pas grâce à nos massages miracles qui vous dégonfleront à merveille ?

 

Parce que « tête bien faite vos mieux que tête bien pleine », vous ferez suivre à vos cheveux un régime protéiné (si vous êtes au régime Dukan, y a pas de raison que vos cheveux ne le soient pas aussi) destiné à les « revitaliser » en profondeur.

 

Enfin, nous réaffirmons dans Votre Beauté que toutes les femmes ont le droit d’avoir une belle peau ! Vous n’avez juste qu’à suivre nos prescriptions.

 

Les femmes et leur corps. Le corps des femmes comme champ de bataille commercial à grand renfort de marketing. Ce corps de femme que l’on morcèle et fragmente :

« Et votre ventre ? Vous faîtes attention à la rondeur et à la fermeté de votre ventre ? Tartinez-vous donc de la crème Stopaugras et faites de la danse orientale sous-marine en tuba pour raffermir vos abdos (liste des clubs disponibles sur notre site Internet).

 

« Et vos cheveux ? Pas trop ternes, vos cheveux ? Utilisez donc les gélules des laboratoires Antiterne aux principes actifs revigorants associés à des masques capillaires aux molécules d’acétoïnes boostées du même laboratoire.

 

« Et votre peau ? Pas trop d’acné ? Pas trop de rides, de tâches ? Utilisez la crème… le gel… le masque… l’appareil miracle…

 

« Et vos hanches ? Et vos cuisses ? Pensez à perdre « localisé » grâce à un procédé révolutionnaire…

 

Etc. Ad nauseum.

Un peu comme dans la chanson de l’alouette dont on plume la tête, le bec, les yeux, le cou, les pattes, le dos…

 

Ce morcèlement du corps féminin associé au désir de perfection et à la peur d'être rejetée garantissent un business sans fin. Il y a toujours quelque chose à perfectionner, à améliorer pour coller au plus près des canons de la mode. La quête du « moi en mieux » n’aura jamais de fin. Et le mieux, comme chacunE le sait, c’est l’ennemi du bien.

 

Allez, vous reprendrez bien un peu de pâté d’alouette ?!


23/02/2012
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Mes p’tites indignations 1/2

En pérégrination au supermarché du « coin de par chez moi », j’ai soudain l’idée saugrenue de chercher un peu de littérature pour ma chère Tigrounette.

 

C’est que du haut de ses quatorze pâquerettes, elle dévore ses livres… au sens propre. Même les bouquins en carton plastifié garantis « baby resist » finissent par rendre l’âme au bout de quelques semaines face à l’enthousiasme débordant des quenottes de sa Majesté.

 

Je mets donc le cap vers le rayon de littérature enfantine en espérant – stupidement, je l’admets – trouver LA perle rare : résistante et suffisamment captivante pour que ma (très !) remuante progéniture veuille bien cesser temporaire d’escalader le mobilier du salon. Car du tigre, elle a l’énergie, la résistance et la vaillance. Nulle chute, nulle bosse, nulle réprimande ne la dissuade de s’attaquer à l’Everest que représente le bureau paternel et ses Saints Graal, respectivement la souris de l’ordinateur et le smartphone de son geek de père.

 

Mais je m’égare…

 

Me voici donc devant le rayon des livres pour bébé lorsque je tombe sur ceci :

 

 

Coincés entre OUI-OUI et Winnie l’Ourson (ces deux-là ont décidément réussi leur OPA sur le secteur de la petite enfance), six petits livres. Mécaniquement attirée par les couleurs très « girly » (foutue éducation !) je m’empare de l’un d’eux lorsque – horreur – je me rends compte du titre : Chloé joue à faire le ménage.

 

Je tique, je cille, ma mâchoire pend tandis que mon cerveau tente d’assimiler à toute vitesse l’information envoyée par mes globes oculaires. Joue à faire le ménage ? Sérieusement ???

 

Me remémorant les vaines tentatives (musclées ou perfides) de ma mère pour m’intéresser un tant soit peu à cette discipline, je reste sur le c… séant.

 

Je repose vivement le livre dans le rayonnage et souffle sur mes doigts encore brûlant  tandis que – curieuse – je jette un coup d’œil aux autres bouquins.

 

Ainsi donc, pendant que Chloé « joue à » faire le ménage, que Lola joue à la dînette et Lisa, à la maîtresse, ces messieurs Pierre, Gaston et Lulu peuvent faire des trucs supers cools comme piloter un hélicoptère, un avion et une grue ??? Ben merde alors !

 

Révolte ! Rébellion !!! Vite : photo ! (ça, c’est la résolution de mes trente ans : une révolte, une photo. Les Dieux nous ont équipé de smartphone, c’est pour que nous nous en servions !)

 

Dégoûtée, je quitte bien vite un rayon aussi mal fréquenté. Il n’empêche l’Affaire continue de trotter dans ma tête. De retour à la maison, je jette un coup d’œil à ma photo pour connaître l’éditeur : Fleurus.

 

Mu par un masochisme certain, je décide de consulter leur site Internet en lien ICI. Vous ne voulez pas cliquer ? Ce n’est pas grave car je ne vous épargnerai AUCUN détail.

 

Chloé, Lola et Lisa font donc partie de la collection « P’tites filles » dans laquelle leurs copines (Jade, Lilou et les autres) « jouent » à la poupée, à la fée, à la princesse, à la marchande, au docteur, à la coiffeuse et à la vétérinaire. J’ai checké et je n’ai rien oublié. Au programme donc de ces demoiselles : robes, tutus, mises en plie, tâches ménagères, et soins des autres (animaux ou enfants). Toutes activités sans débauches d’énergie excessives qui s’exercent dans le cadre feutré d’un local fermé (maison, magasin, cabinet…)

 

Parce la collection « P’tites filles » de Fleurus est « une adorable collection pour les petites filles, qui aiment s'amuser en imitant les grands » dixit le petit descriptif sur Internet.

 

Donc les petites filles, ça s’amuse en imitant les grands. Dont acte !

 

Et pendant ce temps, que font leurs copains de la collection « P’tits garçons » ? Ils conduisent du lourd, du très très lourd : hélicoptère, avion, ambulance, formule 1, moto… grand éclat de rire pour « le camion-poubelle de Marcel ».

 

Les « P’tits garçons » n’imitent pas, non ! Ils s'identifient aux héros et laissent vagabonder leur imagination (toujours dixit le descriptif du site).

 

Engins mécaniques, vitesse, techniques, et activités au grand air pour ces petits messieurs en devenir qui s’amusent en s’identifiant à des héros et en faisant marcher leur imagination.

 

Je vous ai dis que je ne vous épargnerai aucun détail et ce sera le cas, tenez vous le pour dit ! Car les éditions Fleurus ont commis deux autres collections du même goût :

« Mon rêve de » à destination des filles (mais si, vous savez bien que les filles, ça rêve !) qui soupirent en s’imaginant – encore ! – princesse, fée, actrice, chanteuse, danseuse, top model ( !!!), sirène et cavalière. « Une collection pour faire rêver les petites filles. Des couvertures avec des paillettes 100% petites filles. »

 

C’est sûr ! ça fait rêver. Amour, gloire et beauté !

 

 

Le pendant masculin de cette « adorable » collection, c’est « P’tit héros ». Toujours en quête d’identification à ses héros favoris, nos petits vaillants p’tits gars vivront les aventures : du pirate, du cow-boy, du chevalier, de l’indien, de l’aventurier et du super-héros.

 

De l’action, de l’aventure et des armes (si possible à feu, merci bien !)

 

Une chose me frappe à mesure que j’écris ces lignes : avez-vous remarqué que sur les huit « rêve de » à destination des petites filles, cinq des archétypes présentés sont ancrés dans le réel : l’actrice, la chanteuse, la danseuse, le top-model et la cavalière… ce sont des figures qui existent réellement. Seules la fée, la princesse et la sirène relèvent réellement de l’ordre de l’imaginaire.

 

Les pirates, indiens et autres super-héros relèvent TOUS soit d’un passé révolu (dans la forme présentée) soit d’archétypes parfaitement imaginaires. Aucun n’a d’existence dans le réel (et ne me sortez pas qu’il y a des pirates en Somalie et des Indiens dans des réserves parce que ce serait de la pure malhonnêteté intellectuelle).

 


 Ce qui me renvoi à l’excellent film « La domination masculine » et son vendeur de jouets qui expliquait que les petits garçons imaginent des histoires de toutes pièces (ils peuvent mélanger des dinosaures et des batmobiles sans problèmes) là où les petites filles sont dans l’imitation de « maman » (sous-entendu : qu’elles ont moins d’imagination ? qu’elles sont plus dans le « réel » ?)


Et toujours ce même vendeur de pointer que les héros des petits garçons ont des supers pouvoirs : Spiderman, Batman, Superman… pouvoirs… pouvoir…



 

Là où les héroïnes des petites filles n’en ont pas : princesses et fées. Les princesses et les fées émettent ou exaucent des vœux (de préférence : jolie voix, joli teint, jolie robe et princes charmants, si possible dans cet ordre).

 

 

Dans cette histoire, je ne sais pas trop ce qui me met en rogne : que ces bouquins soient écrits par des femmes qui ne manqueront pas d’opiner benoîtement lorsqu’on leur parlera d’égalité de traitement salariale : salaires mais également accès de carrières (on devient coiffeuse à 600 € par mois, pas conductrice de grue à 1500 € !), accès à la formation, aux CDI temps plein… ?

Qu’il y ait de bonnes âmes qui ne manqueront pas de les acheter ?

Que ces bouquins participent aux renforcements des stéréotypes et empêchent de futurs adultes de trouver leur orientation professionnelle ?

Combien de conductrices d’ambulance, de pilotes de ligne ou de conductrices de grue ou de chariot élévateur ratent leur voie parce qu’on les a cantonné à des rôles passifs de princesses à sauver ?

Combien rate-t-on d’infirmiers ou de puériculteurs parce que les métiers du soin, c’est pour les filles ?

Combien d’hommes ne pensent même pas à réduire leur activité pour profiter de leurs enfants, pour les voir grandir parce que c’est la maman qui doit s’occuper des enfants – avec l’approbation farouche de ces dames qui râlent que leur homme ne font pas le ménage mais ne le laissent pas s’approcher de la machine à laver (« ben oui, il ne sais pas s’en servir ! Il ferait n’importe quoi ! »)

 

Oh, ne vous trompez pas ! Ce n’est pas la honte de jouer à la dînette. Ni à la marchande ou à la princesse. J’y ai joué plus qu’à mon tour avec un réel plaisir… accompagnée de plein de petites copines et petits copains de jeu.

 

Mais j’ai un rêve un peu idiot. Celui d’une collection de livres pour enfants qui ne fera pas dans la ségrégation des genres. Qui titrera : « Paul et Chloé jouent à la dînette », « La grue de Marion et Lulu », « Maxence et Lilou, pirates des caraïbes »… Un truc sympa, qui favorisera le « vivre ensemble » des filles et des garçons. Et qui leur ouvrira grand, très grand, l’horizon…

 


01/12/2011
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Découverte - Joueur du grenier

En direct du Junglistan, Cixi, correspondante de guerre, vous informe :

 

"En ce moment au Junglistan, c'est LA semaine du jeu vidéo rétro. Tous les loyaux sujets de sa majesté Tigrounette Ière du nom sont invités à ressortir de leur [cocher la mention choisie] :

  • grenier
  • cave
  • buanderie
  • garage
  • dessous de lit
  • dessus d'armoire
  • autre (mais alors, faut préciser dans les commentaires parce que je suis curieuse !)

leurs vieilles consoles et leurs vieux jeux vidéos les plus improbables, les moins connus et les plus mauvais.

 

Et à y jouer, cela va sans dire.

 

Et, tant qu'à y jouer, à tâcher d'en venir à bout.

 

Les joueurs qui y seront parvenus :

  • sans jeter les manettes sur la télé, au sol ou sur les innocents spectateurs
  • sans s'exclamer "mais putain de bordel de merde !!!" plus de 10 fois 
  • sans jeter le jeu et/ou la console (à la poubelle, dans l'incinérateur/barbecue, dans un trou profond ou autre...)
  • sans finir chez le psy, dans un asile ou en état de mort cérébrale

finiront candidat à la béatification de la sainte église réformée pastafariste junglistanienne. Rien que ça !

 

Quant aux mauviettes qu'un tel défi rebuterait, ils pourront toujours vivre ce challenge par procuration en regardant les vidéos des tests du

 

 

 

 

 Cette fabuleuse petite émission réalisée par 

 

 Sébastien RASSIAT à gauche et Frédéric MOLAS à droite 

 

n'est pas seulement qu'un pur moment de nostalgie jubilatoire où vous renouez avec toute la dimension épiquement frustrante des "mauvais" jeux vidéos de notre enfance ("aaaah mais putain ! Comment j'ai fais pour crever là ?!! Mais c'est quoi ce putain de jeu tordu ?!! Et putain, c'est sensé être quoi ce tas de pixels !!!!" - NDA : nous prions l'aimable lecteur de ne pas s'offenser de l'usage conséquent du mot putain, ni dans ces lignes ni dans ladite émission. Comme tout un chacun le sait, l'usage du mot "putain" dans le sud relève davantage de la ponctuation que de l'injure).

 

C'est aussi l'occasion d'apprendre pleins d'anecdotes amusantes et/ou étonnantes sur le monde des jeux vidéos et de ses sujets connexes : les mangas, les dessins animés, le cinéma, les émission jeunesse... auquel on ne prêtait pas la moindre attention étant gamin !

 

 

L'esprit y est aussi bien dans l'ambiance que dans l'humour et la justesse du propos. Franche rigolade garantie. 

 

On me dit d'ailleurs dans l'oreillette que sa majesté Tigrounette Ière du nom fera tourner par son grand chambellan un gentil compliment à l'attention de Monsieur Grenier et de son comparse. Avec peut être la perspective d'une remise du Liégeois d'Honneur.

 

Nous conclurons en souhaitant longue vie et prospérité à l'émission Joueur du Grenier. A vous les studios.

http://www.joueurdugrenier.fr/index.html

 

 

Merci Cixi. Et maintenant un flash info spécial. Nous venons d’apprendre que le grand conseil de la santé du Junglistan vient d’émettre un décret à tendance circulatoire.

Les amateurs de l'émission Téléchat et plus particulièrement les fans de Léguman devront impérativement procéder à une évaluation de leur état mental et suivre, le cas échéant, une cure psychanalytique. 



12/10/2011
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