Bienvenue en Junglistan

Bienvenue en Junglistan

Les aventures de Tigrounette et Cie

 Où il sera beaucoup de question de bébés... A l'attention d'un public résolument averti.


Court-billet : Hé, Nestlé ! Rend moi mes 100g de lait bébé !

L’Homme (comprenez : le mien) a de nombreuses qualités. Entre autre une excellente capacité à manier les chiffres, doublée d’un sens de l’observation aigu en plus d’être parfaitement à l’aise avec les volumes.

 

C’est donc tout naturellement lui (QUÆ SUNT CÆSARIS, CÆSARI, toussa toussa…) qui remarqua le premier la mystérieuse disparition.

 

La découverte n’avait pourtant rien d’aisée, je dois en convenir. Car Nestlé a fait vraiment le maximum pour camoufler LA différence sur son lait en poudre pour bébé Nidal Confort 2ème âge.

 

La stratégie mise en œuvre est d’une redoutable efficacité. Admirez un peu :

 

Etape n°1 :

Changer légèrement le packaging du produit : un peu plus de bleu, un peu moins de vert et changer la taille et la police de quelques textes.

 

Etape n°2 :

Détourner l’attention en mettant une grosse étiquette avec illustration : « nouvelle mesurette » (en plusieurs langues).

 

Etape n°3 :

Rassurer en ajoutant sur la boite en fer un encart de taille correcte « NOUVELLE MESURETTE – Formule inchangée ».

 

Résultat :

Coup d’œil rapide du parent/consommateur curieux mais speedé.

-         Composition – identique !

-         Prix – identique !

 

Et c’est là qu’est l’astuce. Car le poids – lui – ne l’est pas ! Avec l’adjonction de la super mesurette et de son système plus hygiénique « qu’on-n’est-pas-obligé-d’aller-pêcher-dans-le-lait-en-poudre-avec-ses-doigts-tout-cracras » (dans la réalité, un simple rebord à l’intérieur de la boite qui sert de cale), ben on a perdu cent grammes de produit.

 

Là où les autres laits en poudre font 900g, le lait Nestlé Nidal Confort 2ème âge n’en fait plus que 800.

Que vous payez le même prix que lorsqu’il en faisait 900 comme les copains.

Alors sachant que dans un rayon de grandes surfaces, il fait partie des plus chers, ça fait réfléchir.

Et sachant également que leur nouveau système de mesurette hygiénique est incomplet/raté car ils ont oublié de mettre le rebord à l’intérieur de la boite pour faire des mesurettes bien rases…

 

Cixi, correspondante de guerre au Junglistan, invite donc la population à tirer – comme elle – toutes les conséquences d’une telle manœuvre commerciale et à…

… ah, un instant je vous prie…

… on vient de m’informer dans l’oreillette que sa majesté Tigrounette 1ère du nom vient de souffler sa première bougie et qu’elle boira dorénavant du lait croissance en brique et non plus du lait en poudre…

… bon, très bien ! Pas de consigne officielle du Junglistan donc. Mais l’info est passée, vous en faites bien ce que vous voulez !

… A vous les studios !


02/10/2011
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Court-billet : Des bleus et des bosses

Hello vous tous,


Honte sur moi ! Voilà de nombreuses semaines que j’ai délaissé mes activités de correspondante de guerre en Junglistan.

La faute à mes personnalités multiples de (cocher les cases, plusieurs réponses admises) :

  • Tyran du personnel
  • Esclave aimante et consentante de Tigrounette 1ère du nom
  • Ecrivaillon en herbe (ça c’est http://jerryfortuna.unblog.fr/)
  • Adepte des salles de fitness
  • Pastafariste
  • Culturovore à tendance compulsive (livrovore, sériovore, filmovore, articlorore…)
  • Et tant qu’à parler de compulsion, vous ai-je déjà entretenu de ma passion dévorante pour les sacs à main ?

Et pourtant, j’en aurai des choses à raconter ! Aussi, pour m’éviter des frustrations inédites, j’inaugure ici un nouveau type d’article intitulé : court-billet. Quelques lignes pour partager avec vous sur une multitude de sujets. Bonne lecture à tous (^_^)

 


 

Figurez-vous que notre Tigrounette Junglistanienne a décidé depuis quelques semaines de conquérir la bipédie et le monde, ce qui ne va pas sans bleus et bosses diverses. Pas un jour malgré notre vigilance sans qu’on ne constate de nouveaux hématomes, de nouvelles rougeurs, de nouvelles éraflures.

Rien de plus normal, me direz-vous. La conquête de la bipédie à un prix.

Pas de soucis pour les parents cools et détendus que nous sommes…

 

Mais voilà, le problème c’est que, maintenant que notre progéniture sociabilise, c’est juste la honte !

 

Au parc, ça donne des dialogues du genre

Effaré : « Oh, quelle jolie petite fille ! Houla, elle s’est cognée non ?

Ou encore

Embarrassé : « Ne faites pas attention au vilain bleu, il a butté contre l’arête de la porte de la cuisine la semaine dernière.

 

Rouge au front et balbutiant, j’ai réalisé qu’on passe tous un temps fou à justifier les égratignures de nos rejetons auprès des autres adultes… qui n’en demandaient parfois pas tant.

« Ce n’est pas la première fois, ni la dernière ! Répondis-je la dernière fois à une jeune maman qui s’était lancée spontanément dans le récit des péripéties de sa fille.

 

Le pire, c’est qu’on fini souvent par mettre sournoisement la faute sur le dos du bambin dans le genre :

« Pfiou ! Ce gosse va finir par me rendre chèvre ! D’ailleurs, il est sans doute hyperactif.

« On ne peut pas être partout vous savez. Je n’ai plus une minute de répit !

« C’est sa faute aussi ! J’ai beau lui dire non, elle ne veut rien entendre.

 

Oh, je ne jette la pierre à personne vu que c’est en le faisant que j’ai pris conscience de la pression ;

 

La pression d’être un bon parent (responsable, qui sait toujours ce que fait son gamin, qui a fait de sa baraque une maison témoin en matière de sécurité domestiques…) ou – pire ! – que vos interlocuteurs se mettent en tête que vous maltraitez vos enfants.

 

Pression qu’on contribue à alimenter en nous zieutant tous les uns les autres, l’air de rien, tous les jours.



29/09/2011
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Tout se joue avant deux ans ! (et pas six)

J’avais dans les cartons un super billet sur la lettre de motivation : à quoi ça sert ? Comment s’y prendre ? Quels sont les écueils à éviter ?... encore raté !

 

C’est de nouveau de bébés que je vais vous entretenir.

 

Mais – promis ! – je tâcherai de rédiger cet article sur la lettre de motivation, passage incontournable de tout recrutement. Un exercice qui a le don de transformer tout R.H. en correcteur un brin sadique et tout candidat en élève « bête et discipliné qui applique des consignes sans les avoir comprises et sans la moindre once d’imagination » (ça vous rappelle certains commentaires de bulletin de notes, non ?).

 

 

Dans ma vie antérieure, j’étais exactement ce type d’élève.

 

 

Dans un univers parallèle, je suis une correctrice sadique « tendance garce » armée de son stylo rouge et mes lèvres se retroussent dans un sourire carnassier à chaque commentaire cynique et sanglant que je laisse dans les marges des devoirs.

 

Je sais ! Vous êtes content de vivre dans cet univers là et de savoir que votre progéniture (voire votre chtite-progéniture) est à l’abri de mon stylo vengeur.

 

 

Mais revenons-en à notre sujet : les bébés pour qui tout se joue – non pas avant six ans selon le titre de l’ouvrage de Fitzhugh Dodson – mais avant DEUX ans !

 

Parfaitement !

 

J’ai acquis ma science par une belle journée de pentecôte, assise confortablement dans une chaise de jardin en plastique à attendre l’arrivée des grillades, un verre de Muscat à la main.

 

Surtout, ne surestimez pas l’importance du verre de Muscat dans cette révélation.
 
Car l’important je le répète, c’est les bébés.

 

 
Donc, par une belle journée de pentecôte, nous voici ma petite famille et moi-même dans le jardin d’un copain fraichement papa. Se joint à nous un autre couple d’amis tout aussi fraichement parent.

 

L’arrivée de nos Minipouss respectifs s’est faite à 15 jours d’intervalles, de quoi nous faire tous bien rire.

 

Et ce jour-là, sous l’ombre du palmier, dans la chaleur moite, on ne s’en est pas privé, de rigoler sur ce hasard qui nous a mis toutes les trois enceintes à deux semaines d’écart chacune.

 

Et pendant ce temps, nos lilliputiens – 8 mois de moyenne d’âge – s’évertuaient à rouler bouler hors du « périmètre de sécurité », histoire de vérifier si l’herbe est vraimentplus verte ailleurs, et puis d’abord - question primordiale – quel goût ça a, l’herbe ?! Et est-ce que les petits machins qui gigotent et se tortillent font parti de l’apéro ?

   

Les garçons à la vanille et les filles au chocolat… ou alors c’est l’inverse, je sais plus !

 

On a beau se dire que nos chères (toutes) petites têtes blondes sont uniques, si l’on ôte ses lunettes roses, force est de constater qu’à 8 mois d’âge, rien ne distingue un bébé mâle d’un bébé femelle. Sauf accident, ce sont les mêmes roulés boulés, les mêmes gazouillis accompagnés d’une nette propension à réclamer à ses papilles gustatives un avis circonstancié sur chaque petit truc à porté de main…

 

Tout le problème réside – pour nous, adulte – à ôter nos fameuses lunettes roses (ou vertes à poix violets si vous préférez) car force est de constater que nous voyons du sexe partout ! Enfin… pas CE sexe LA (voyons !)… mais plutôt celui qui nous pousse à recycler nos clichés sexistes à chaque geste de nos progénitures.

 

Et en cette belle journée, entre chaleur, muscat, cigales et bébés, qu’est-ce qu’on en a recyclé comme clichés !

 

Ambiance…

 

Nestor sourit, c’est un tombeur !

 

Alors que Nestor (7 mois et 3 pâquerettes) mange tranquillement, je m’installe à côté de sa mère et la complimente (comme il se doit – bien que tout à fait sincère) sur la mine bienheureuse de son chérubin.

 

Ce faisant, je dégaine mon plus large sourire à Nestor. Rien de plus sympathique que de voir un bébé vous rendre votre sourire. Et très vite, nous voilà, Nestor et moi, à nous sourire à qui mieux-mieux. Et le petit bout de se mettre à rire aux éclats tandis que je poursuis mes compliments à l’attention de la maman.

 

Et la maman de m’expliquer qu’en fait, Nestor est un incorrigible charmeur. Il ne peut s’empêcher de séduire toutes les dames qui croisent son chemin par son sourire enjôleur.

 

Et le papa à côté de renchérir sur le mode « elles sont toutes folles de lui ».

 

Approbation vigoureuse de la maman qui note que – d’ailleurs – Nestor sourit beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes. Ben oui, il distingue parfaitement les visages féminins des visages masculins.

 

Et sur ces bonnes paroles, chacun de s’extasier durant la demie heure qui suit sur l’immense potentiel des bébés.

 

Pendant ce temps, Nestor a repéré Siamois le Chat et ne cesse de tendre la main vers lui en lui adressant son plus beau sourire plein de gencives… des fois que la bestiole se laisserait amadouer aussi facilement que les adultes à sa portée.

 

Quel tombeur ce Nestor !

Tigrounette est sage : c’est normal, c’est une fille !

Il faut dire que Tigrounette n’était pas au sommet de sa forme lors de cette rencontre au sommet (haha !)

 

Les dents, ma pauv’ dame !

 

Après trois jours d’affreuses crises de poussées dentaires avec leur cortège de fièvre, bave et mâchouillages frénétiques, Tigrounette – enfin en paix (mais toujours sans quenotte) – a passé la majeure partie de cette journée allongée sur la couverture à même l’herbe, sur le dos, les bras en croix et les doigts de pied en éventail.

 

Elle tournait la tête négligemment de gauche et de droite au gré des roulades de ses petits copains et des éclats de voix des adultes.

 

Parfois, elle saisissait d’une main nonchalante une chinoiserie en pvc aux couleurs criardes qu’elle mâchouillait d’un air absent.

 

Icône parfaite de la coquette qui, tranquille, se dore la pilule au soleil.

 

Seule une fine petite ride présente sous son œil renseigne ses parents vigilants de son état d’extrême lassitude. Exactement la même qui apparait chez l’Homme, son père, lorsque celui-ci est en manque de sommeil. Et qui, sans surprise, était présente chez lui aussi ce jour là car vous imaginez bien que le manque de sommeil est une chose très partagée dans une famille en cas de poussées dentaires de bébé.

 

 

Ceci dit, nous avons répondu avec grâce et sourires aux remarques vantant la tranquillité et la sagesse de notre fille.

 

« On sent qu’elle est sage ! 

 

« Oh oui ! Un vrai petit amour. T’es tranquille toi comme bébé, pas vrai ? Pas comme Philémon… [soupir avec un coup d’œil plein d’amour au petit géant roux qui crapahute dans l’herbe]

 

« Ah mais que veux-tu ! Les petites filles c’est toujours plus sages que les petits mecs.

 

« Ah oui, c’est vrai que c’est sage, une fille ! ça se voit d’ailleurs…

 

Bon, je n’ai pas poussé la lâcheté jusqu’à approuver ces propos mais, n’ayant aucune envie de démontrer par A+B que ma fille – comme toutes les progénitures de ce monde – peut être une parfaite pile électrique, j’ai préféré ne pas polémiquer sur la question.

 

Philémon, force de la nature.

Philémon, 8 mois tout rond, est un grand gaillard roux qui tranche par rapport à ses petits camarades, aussi bien par la flamboyance de sa chevelure que par sa carrure. Il fait déjà une bonne demie-tête de plus qu’eux, fait des efforts méritoires pour se redresser sur ses jambes et donne une impression générale de robustesse à la grande fierté (légitime) de ses parents qui attribuent l’origine de ce phénomène…

 

 

au fait qu’il soit un garçon.

 

La preuve, Tigrounette, bébé fille de son état, était effectivement la plus petite quoi que la plus âgée des trois. La preuve par trois quoi !

 

C’est sûr, quand Philémon sera grand, il sera… ben, grand quoi ! Et il sera fort.

D’ailleurs, il a tout du p’tit gars costaud, ça se voit tout de suite.

 

Des affirmations qui m’ont poussé à vérifier une fois chez moi les courbes de croissance sur le carnet de santé.

 

Non non ! les filles et les garçons partagent bien la même courbe jusqu’à l’âge de 12 ans. C’est seulement qu’à partir de cet âge qu’on les distingue en fonction des sexes.

 

Tigrounette la pipelette

 

Mais voilà que Tigrounette, sortant de sa torpeur vers la fin de l’après-midi, s’avise que le monde existe autour d’elle et décide – dans sa générosité congénitale – de l’entretenir de tout un tas de considérations diverses et variées.

 

Si la sagesse que nous a dispensé Tigrounette ce jour-là est perdue à jamais, il n’en sera pas de même de l’impression de grande blagueuse quelle a pu donner.

 

Oooh, pas qu’elle ait réellement plus babillé que Nestor et Philémon. Disons plutôt que – bizarrement – on l’a remarqué beaucoup plus.

 

Parce que Tigrounette – comme toutes les filles – est une grande bavarde en fait.

Même que non seulement ça s’entend, mais ça se voit dans ses yeux qu’elle a plein de choses à dire.

 

Même que dés qu’elle va savoir parler, elle risque de ne plus jamais s’arrêter !

 

Une vraie petite pipelette qu’elle va devenir, Tigrounette !

 

Remarque, toutes les filles sont un peu comme ça, « d’ailleurs ma nièce qui a cinq ans maintenant… »

 

Le biais de l’observateur…

 

Où de son petit nom en psychologie, « biais d’attribution causale », consiste à attribuer un comportement ou un évènement à des causes, sous la forme d’une sélection de l’information entrant dans le système cognitif ou sortant de celui-ci.

 

-         On surestime volontiers une cause directement visible plutôt qu’une cause dont il faut plus de temps et de réflexion pour l’évaluer.

 

-         On modifie nos jugements en fonction des stéréotypes et des préjugés envers une catégorie d’individus.

 

Et en matière de stéréotypes sur les genres, les psychologues savent d’expérienceS que ça commence dés les premiers jours de la vie.

 

Un exemple :

 

Faites une photo d'un bébé de quelques mois qui pleure.

 

Prenez un groupe d’adultes, montrez leur la photo en précisant que le bébé est un garçon. Puis, demandez leur de deviner les raisons de ses pleures. La majorité répond que Bébé est en colère, ou frustré, ou énervé.

  

Prenez un nouveau groupe d’adultes en précisant cette fois que le bébé est une fille. La majorité répond alors que Bébé est triste, est angoissée ou a peur.

 

Si les expériences en psychologie et notamment sur les biais d'acquisition causale et l'impact des préjugés sexistes en matière d'éducation vous intéresse, je vous recommande ce livre très bien écrit, instructif sans prise de tête.

 

 

Dés leur plus jeune âge, nous projetons sur les enfants qui nous entourent NOS clichés, préjugés et valeurs. Puis lorsque ceux-ci nous imitent et s’y conforment, nous voyons dans leur comportement la justification de ces idées préconçues, un peu à la façon de ce collègue de boulot qui – en parlant de sa fille et de son fils – me disait :

 

« C’est extraordinaire l’instinct ! Regardez, Ines a trois ans et déjà elle veut une poussette pour son poupon, elle est plus câline. Alors que Mathis, lui, n’a jamais cherché à pousser la poussette de sa jeune sœur et était plus brusque…

 

En gros (Warning : Mauvaise Foi (c) Inside), on commence par une pub (Petit Bateau pour ne pas les citer) comme ça :

 

(je confirme : Tigrounette est aussi mignonne que ce qu'elle est robuste, aussi têtue que ce qu'elle est espiègle et cool. Quand à son petit copain Philémon, il est aussi fort que rigolot, aussi cool que mignon. Alors pourquoi cette répartition idiote ??!)

 

Puis, poussée jusqu’à son accomplissement, une telle logique aboutie à des campagnes publicitaires aussi sottes et sans imagination que celles-ci :

 

(Qu'on se le dise, la femme ne travaille pas par ambitions mais par rêve. Et si elle a le goût du rêve, on peut bien la payer en monnaie de singe ! Laissons à Julien ses ambitions, son PC portable, son salaire 25% supérieur en moyenne et sa plus grande facilité à obtenir des promotions...)

 

Mais à ce moment là, il est déjà trop tard !

 

Car tout se joue avant deux ans.

 

***

 

Pour conclure ma conclusion (^_^) :

 

Cette journée de repos ensoleillée fut vraiment charmante et j’en garderai un excellent souvenir.

 

Ce jour-là, nous avons devisé gentiment de choses et d’autres. Au fil de la conversation, j’en suis venue à parler de ce copain – François – qui à trente ans a passé son concours d’infirmier cette année.

 

Lors de l’épreuve orale, l’une des cadres de santé lui a posé une question plus ou moins dans ces termes :

 

« Vous allez entrer dans un univers à 80% féminin. Pensez-vous que les valeurs d’un homme soit compatible avec le travail d’infirmière ? »

 

A quoi mon ami (qui a manqué s’étrangler sur la question) a rétorqué en gros que les valeurs n’étaient pas une question de sexe mais d’éducation.

 

Au récit de cette anecdote, indignation générale de l’assemblée comme vous vous en doutez. Quoi, un homme ne pourrait pas exercer le métier d’infirmier sans un certains nombres de valeurs dites « féminines » ? C’est du délire ! Vous imaginez – vous – si un jury dans une école d’ingénieur posait la même question à une femme ? Ce serait de la discrimination pure et simple !

  

« D’ailleurs, a surenchéri Charlotte (maman de Philémon) elle-même infirmière en gériatrie, être un homme n’est absolument pas handicapant pour le métier d’infirmier.

 

« C’est même souvent le contraire, a-t-elle ajouté. Les hommes sont plus pondérés, plus sûrs d’eux, plus forts… alors qu’entre filles au boulot, on a tendance à se chicaner les unes avec les autres, les hommes calment la situation, ils ont plus de doigté…

  

***

  

C’est pas gagné !

 


26/07/2011
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L'Homme, le Bébé Tigre et la Puéricultrice

Pour une fois, ce ne seront pas les aventures de Cixi que nous suivrons dans cette chronique mais celles de l'Homme (comprenez SON Homme). Il s'agit donc d'un récit de seconde main, dûment enjolivé et généreusement agrémenté de mauvaise foi par votre dévouée servante.

 

 

L'Homme donc, par un beau lundi matin, se lève aux aurores. Après avoir consciencieusement rempli le sac à langer (« Couches, ok ! Liniment, ok ! Coton, ok !... », il sangle méthodiquement sa progéniture toute neuve dans la Baby charrette © (1) dernier cri et part pour la P.M.I (Protection Maternelle Infantile) du quartier, tout content d'avoir laisser sa Cixi au chaud sous la couette et d'être en tête à tête avec son Bébé Tigre.

 

 

Sur la route, aucun obstacle n'est trop ardu pour lui. Voyez avec quelle dextérité il se joue des trottoirs défoncés et des gentilles mamies qui se dressent sur son chemin pour bêtifier devant LA merveille du monde (« Ah le charmant bébé ! Surtout gardez la bien au chaud dans sa doudoune ! »).

 

 

Enfin, notre héros arrive sans encombre dans les locaux de la PMI où Bébé Tigre sera pesée, mesurée sous toutes les coutures et auscultée sous tous les angles.

 

 

Pour les nullipare de tout sexe (et les autres), imaginez que le rendez-vous à la PMI, c'est un peu comme le contrôle de travaux pratiques à l'école. Vous êtes plantez là, debout, avec votre bébé tout nu sur la table à langer, sous le feu des questions de la gentille puéricultrice armée d'un stylo et du carnet (de santé, pas de notes, hein ?!) au sourire engageant et au regard vigilant.

 

 

 

D'une main vous vous évertuez à maîtriser votre grouillante progéniture, de l'autre, vous tâchez de lui glisser sous les fesses cette satanée couche et mentalement, vous commandez au Papa Noël une paire de bras supplémentaire, neuve ou d'occasion. Dans le même temps, vous tâchez d'enchaîner les bonnes réponses à la façon d'un boxer sur un ring : « volume des biberons ? 150 ml » - direct du droit, « heure du coucher ? 23H30 » - crochet du gauche, « nombre de biberons dans la journée ? Ça dépend des jours m'dame mais en moyenne cinq » - esquive, « quelque chose à déclarer ? Rien m'dame, elle est adorable ! » - uppercut...

 

 

Fin du combat, la puéricultrice referme d'un claquement sec le carnet de santé du bout de chou et vous invite à revenir la semaine prochaine. C'est gagné !

 

 

L'Homme, ceinture jaune en PMI comme Cixi, sait à quoi s'attendre dans ce sport de combat. Aussi, avant de franchir la porte, prend-il soin de bannir de son regard toute trace de peur. Il redresse la tête, bombe le torse, affiche son plus beau sourire bright version « j'assure ! J'ai confiance ! » Sa main est ferme sur la poignée de la Baby Charrette © et son esprit est aux aguets.

 

 

Aussi remarque-t-il tout de suite qu'il ne s'agit pas de la puéricultrice habituelle et qu'en plus, celle-ci est accompagnée d'une stagiaire. Il évalue la situation en un quart de seconde :

 

L'Homme : « Bonjour Mesdames ! Ce n'est pas Madame Tartampion qui assure les consultations aujourd'hui ? »

 

Notez avec quelle habileté l'Homme a fait remarquer, l'air de rien, qu'il est un habitué des lieux !

 

 

Après les présentations d'usages (« Voici Bébé Tigre Ier du nom, Tigrou ascendant Porcinet »), l'Homme prend sa Majesté sous le bras, le sac à langer sous l'autre et file d'autorité vers la table à langer où il entreprend – les yeux bandés, une main dans le dos – le déshabillage rituel, sous les yeux admiratifs de la professionnelle et de sa stagiaire.

 

 

Coup de chance ! C'est ce jour-là – à ce moment précis – que Bébé Tigre décide d'appliquer les préceptes de méditation zen acquis dans une vie antérieure. Détendue et le visage serein, la voici qui babille gentiment. Le temps d'un battement de [ses loooongs] cils et d'un sourire plein de gencives et les voici conquises !

 

« - Quel magnifique bébé vous avez là Monsieur l'Homme ! Qu'est-ce qu'elle est éveillée ! Voyez comme elle sourit ! Aaah, voilà un bébé en pleine santé, Monsieur l'Homme... »

 

Le complimente la puéricultrice, des étoiles plein les yeux, tandis que la stagiaire fond littéralement devant sa Majesté qui lui dispense son enseignement sur la zénitude à coups de « Aheu ! », de « Agah ! » et autres « Ahuu ! ».

 

 

L'Homme tente de prendre l'air modeste(2) tandis qu'il met une nouvelle couche à sa Majesté (« 1° soulever, 2° glisser, 3° rabattre et le tour est joué ! »)(3)

 

 

«  - Ah et puis on voit que vous avez l'habitude de vous occuper d'elle Monsieur l'Homme. Non, vraiment ! Il faudrait plus de papas comme vous ! Et puis c'est si rare de voir les papas venir ici tout seuls, sans la maman... » continue la puéricultrice.

 

 

C'est alors que l'Homme décide de remporter le morceau, de porter l'estocade, de remporter la victoire par K.O.

 

 

« - Si vous remplacez Madame Tartampion pendant ses congés nous aurons surement l'occasion de nous revoir car j'arrête de travailler pour m'occuper de Bébé Tigre à partir de mi-décembre. » Ajoute-t-il l'air de rien, mais qui nous imagine déjà décorés de l'ordre du mérite parental par le président du conseil général.

 

 

« - Commeeent ??? C'est vraiment beau ces nouveaux papas qui s'investissent pleinement auprès de leurs enfants. FOR-MI-DABLE !

 

 

Petite mine gênée de l'Homme qui commence à se demander si elles n'en font pas un peu trop là, quand même.(4)

 

Soudain, l'infirmière interrompt net sa tirade, le sourcil froncé comme avisant une grave anomalie, et demande :

 

 

« -Mais... et la maman ? Elle est où en ce moment, la maman ? Qu'est-ce qu'elle fait ?

 

 

« - Oui ? Elle est où la maman ? » renchérie la stagiaire, l'air de pas y toucher.

 

 

Pris au dépourvu, l'Homme marque un temps d'arrêt tandis qu'il songe, bien malgré lui, que la prochaine fois que Cixi sèchera la PMI, il ne manquera pas d'apporter un mot d'excuse comme à l'école.

 

 

 

« - Là ? Ben, elle est à la maison...

 

Il enchaine avant qu'une moue réprobatrice ne s'installe

 

« - Ben oui, elle s'est foulée la cheville samedi, la pauvre. Un truc horrible ! Un énorme bleu sur le pied et la cheville qui a doublé de volume!(5) D'habitude on vient tous les deux, mais dans ces conditions, j'ai préféré qu'elle reste à la maison...

 

 

Le froncement de sourcil s'atténue un peu. Soupir compatissant de la stagiaire.

 

« - Mais elle a déjà repris le travail ?

 

« - Non, pas du tout ! Elle est toujours en congé maternité, assure l'Homme qui termine de sangler Bébé Tigre dans la Baby Charrette © et s'apprête à mettre fin à la consultation. Elle ne reprend qu'en janvier !

 

 

Et sur ces paroles, franchit la porte du bureau la tête haute, avec le sentiment du devoir accompli.

 

 

Pour conclure, j'en profiterai pour passer une petite annonce perso :

 

« Jeune maman de trois mois, le ventre mou, la cerne noire et le cheveu en bataille, cherche antivol digicode à reconnaissance vocale et rétinienne pour mari fraichement papa un peu trop parfait. Me contacter en laissant un commentaire ci-dessous. Merci ! »

 

____________________

 

1 - Le modèle Baby-Charrette © est disponible sur le blog http://grumeautique.blogspot.com/ pour la modique somme de 5 999 €. Le blog se décline aussi façon livre « Le petit grumeau illustré ». Un grand MERCI à Nathalie Jomard, à son Altesse Sérénissime, à Chat Bouboule, Knout Chéri et à l'inénarrable Tata Fernande pour le soutien moral durant nos biberons nocturnes !

 

 

2 - Mais échoue lamentablement. Il n'a jamais su !

 

 

3 - Pour les sceptiques qui ne voient là aucune difficulté, l'Homme et moi-même organisons des stages de sensibilisation. Welcome !

 

 

4 - Vous aurez noté que lorsqu'un homme s'arrête pour élever ses enfants, c'est formidable alors que lorsque c'est une femme, cela se passe de commentaires - positifs. Il y a même quelques esprits perfides pour dire que – oui bien sûr ! - les femmes ont le droit de s'arrêter mais que – reconnaissons le quand même ! - c'est par fainéantise pour la plupart et non pas par réelle vocation. Quant à celles qui disent que c'est par vocation, n'y-a-t-il pas lieu de soupçonner - n'est-ce pas ? - des mères « pot-de-colles » à la sensiblerie abusive dont il ne ressortira rien de bon pour l'enfant ?

Mais rassurez-vous, ce préjugé se décline à toutes les sauces.

Qu'un homme devienne médecin et ce sera de sa part un choix de carrière résultant de sa réflexion, de son investissement et de ses efforts.

Qu'une femme devienne médecin et ce sera de sa part un choix de carrière dicté par son empathie naturelle, sa sociabilité innée et son penchant congénital pour aider son prochain.

J'exagère ? Juste un petit peu... Et je ne serais Cixi si je n'étais pas – un peu – de mauvaise foi.

 

 

5 - Que les trublions à côté du radiateur qui ricanent que j'ai préféré ma couette bien chaude à mes devoirs maternelles viennent me voir après le cours ! Ils iront rejoindre en colle ceux qui se sont foutus de moi en me « souhaitant » un  bon anniversaire  (car oui, ce jour là, c'était la veille de mon anniversaire) ainsi que la cohorte innombrable de ceux qui ont levé les yeux aux ciels en disant « ça ne m'étonne même pas ! ».

Comment ça, « on arrivera jamais à tous rentrer dans la salle de classe pour faire la colle »?! Que vous croyez, car j'ai prévu le coup et j'ai loué tout un amphi, non mais ! 


26/07/2011
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